« Ne rabâchez pas comme les païens » (Mt 6, 7). Comme l'indique le Christ lui-même, c'est la personne tout entière qui prie librement : cœur, paroles, pensées, corps. L'être humain n'est jamais sans son corps sur cette terre. Il est toujours dans un espace et un temps. Il est difficile de concevoir la prière sans prendre conscience de notre propre réalité de créature et ainsi d'exercer toutes les potentialités de l'être que nous sommes. Les tonalités de la prière ignatienne consistent à prendre tout ce qui est possible pour « bien nous disposer » à la prière. Il convient particulièrement d'exercer nos facultés pour entrer en communion avec Dieu : notre mémoire, notre intelligence, notre volonté. Cette anthropologie classique peut nous stimuler dans la perception que la prière chrétienne est intégrale.
Les conseils qui accompagnent le développement de cette prière permettent d'ailleurs à chacun de « moduler » la prière avec l'expérience qu'il vit, avec l'histoire sainte qui lui est personnelle et singulière, avec les « saisons de la vie spirituelle », avec les questions de discernement qu'il rencontre dans sa vie. Rien n'échappe au cœur qui prie : tout rentre dans le « moulin du cœur » pour donner une bonne farine et un bon pain. La prière est à la fois un temps précis de notre vie (oraison) et, en même temps, elle vise à nous transformer en « être de prière », en orant permanent. Contempler Dieu en toutes choses, en tout temps, en tout lieu. Ainsi il ne faut pas s'étonner qu'Ignace encourage le priant à utiliser tout ce qu'il est, pour mieux se disposer et recevoir la grâce.
Parfois, cette insistance et ces « techniques » paraissent aller contre l'élan ou la