« Écoute et prête l'oreille de ton cœur ! » Ainsi commence la Règle de saint Benoît. C'est sous le signe de cet appel que voudraient se placer les présents propos consacrés à l'attention dans la vie religieuse. Cette dernière se définit-elle comme attention obéissante à une règle qui déterminerait que vivre et comment vivre ? Ou peut-on dire que la règle dessine le cadre de l'observance comme soutien et promotion de l'attention à un appel de Dieu ?
« Écoute ! » Cette convocation fait entendre plusieurs appels. Écouter l'enseignement du maître, moins d'ailleurs parce que le maître aurait la prétention d'imposer son autorité que pour devenir progressivement à son tour le transmetteur de ce que le maître a lui-même entendu et reçu. Appel à devenir héritier actif d'une tradition. Mais « écoute », de plus, la mélodie propre de ce qui se propose de devenir le cœur de ta vie. En entrant dans un corps configuré par une certaine manière de vivre, le moine est appelé à porter toute son attention à cette forme de vie spécifique à laquelle il se sent appelé et par laquelle il désire devenir l'homme et le croyant qu'il peut être. Écouter, au-delà des seuls « impératifs » d'une règle, la forme de vie qui se dit là comme perspective pour l'avenir de chacun et pour l'avenir commun.
« Écoute ! » D'emblée, l'attention est requise, écho des invitations liturgiques qui résonnent dans les Églises d'Orient : « Soyez attentifs ! » Mais, dès l'entrée, la Règle de Benoît laisse percevoir à quoi engage cette attention. L'auditeur va écouter la leçon du maître, c'est dire que sa raison est immédiatement convoquée. L'attention – constitutive de la prudence (discernement) – exige un tel engagement de la capacité