Prenons comme point de départ le concile de Vatican II. On savait depuis longtemps que la Vierge Marie était l'objet d'un contentieux oecuménique. Mais ce que l'on a découvert alors, c'est qu'elle est aussi l'objet d'un débat entre catholiques, fait de soupçons mutuels et d'incompréhensions. C'est ainsi que ce concile a connu un moment de crise, quand il fallut décider du lieu où il parlerait de la Vierge Marie : dans une Constitution indépendante ou dans le cadre de la Constitution sur l'Eglise, Lumen Gentium (désormais LG) ? Le concile, d'abord partagé entre deux orientations contradictoires presque égales, opta pour la seconde solution, non sans émois ni souffrances. Les uns se lamentaient de ce qu'il refusait d'apporter « une pierre précieuse nouvelle à la couronne de la madone », tandis que d'autres se réjouissaient de ce que l'« excommunication ecclésiale » de la Vierge Marie était enfin levée. Marie n'est pas au-dessus de l'Eglise, elle en est un membre, même s'il s'agit d'un membre exceptionnel 1.
Depuis Vatican II, ces deux tendances, théologiquement divergentes, se sont radicalisées, au point de faire place à trois positions : d'une part, une contestation culturelle de la figure et du rôle de Marie dans le mystère chrétien, qui traverse même des milieux catholiques ; d'autre part, un retour à la « mariologie » de type ancien chez certains « zélateurs » qui n'ont pas accepté le tournant pris par Vatican II ; enfin, un courant qui entend rester fidèle aux options de ce concile, dont le pape Paul VI avait affirmé qu'il avait donné la synthèse la plus large « sur la place que la très sainte Vierge Marie occupe dans le mystère du Christ et de l'Eglise ». Ce courant désire bien donner à celle-ci toute cette place, mais en prenant ses distances à l'égard des diverses « inflations » de la dévotion et de certaines théologies, et même engager à ce titre un dialogue oecuménique au sujet de Marie. Ces trois courants seront esquissés dans cet article qui proposera pour finir quelques critères d'une parole sur Marie aujourd'hui crédible.
 

LA FIGURE DE MARIE CONTESTÉE


La contestation de la figure de Marie en cette fin de siècle est solidaire des grandes évolutions culturelles de l'Occident. Retenons deux points majeurs, dont l'un touche à la sexualité et l'autre à la revendication féministe contemporaine : le premier concerne la virginité de Marie, dont les affirmations sont accusées de véhiculer un soupçon grave et injuste sur l'exercice de la sexualité ; le second vise l'image de la femme soumise et consacrée à la maternité que l'Eglise propose à ses fidèles à travers la Vierge Marie.
 

La virginité de Marie


Distinguons nettement deux aspects qui n'ont pas la même portée au regard du mystère de la foi : la conception virginale de Jésus et la virginité perpétuelle de Marie 2.
Depuis une trentaine d'années, la contestation de l'historicité de la conception virginale de Jésus a pénétré les milieux catholiques. De graves interrogations ont mis en cause non toujours son sens, mais son fait, à l'instar d'ailleurs du fait de la résurrection. Pour ne prendre qu'une référence, on se souvient des débats soulevés naguère autour du Catéchisme hollandais, qui avaient conduit à la rédaction d'un nouveau texte. Certains y voient la transposition du mythe païen de la femme fécondée par un dieu ; d'autres estiment qu'ils ne s'agit que d'un symbole « jadis » pertinent. Sont aussi en cause la réalité de l'humanité de Jésus, venu au monde d'une manière si exceptionnelle, et le rapport entre anthropologie et sexualité. Le débat semble apaisé, mais il est toujours latent et réémerge périodiquement, comme le montrent les prises de position brutales d'Eugen Drewermann. Ce dernier ramène le sens de la conception virginale aux archétypes égyptiens de l'« ange » et de l'« enfant divin », et au récit de la naissance de Pharaon engendré par le dieu Amon qui s'est approché sexuellement de la reine Ahmosé 3.
Le thème a été repris au plan de l'exégèse et de la doctrine dans des débats qui ont permis un certain nombre de clarifications sur la nature et le sens de cette affirmation 4. Tout d'abord, la foi chrétienne ne dit pas que l'Esprit Saint a joué un rôle « procréateur » dans la conception de Jésus, comme dans les thèmes païens des unions de dieux avec des femmes, mais un rôle créateur, ce qui est tout autre chose. La conception virginale de Jésus n'est ni plus difficile ni plus facile à croire que la création du monde par Dieu — deux interventions divines « irreprésentables ». Elle met en honneur le thème de la virginité, mais elle n'est nullement un signe de mépris de la sexualité. Car elle s'inscrit dans une tout autre symbolique : par la conception virginale, c'est la création de toute l'humanité qui est reprise dans son nouveau chef, Jésus.
Ensuite, si cette affirmation est un signe privilégié de la divinité de Jésus qui a Dieu seul pour Père, cette divinité n'en dépend pas immédiatement. Elle est fondée sur la résurrection, où la foi a vu la confirmation éclatante par Dieu de sa revendication à être son Fils en un sens unique. S'il en est ainsi, la pastorale et la catéchèse ne doivent pas commencer par annoncer cette donnée, sous prétexte qu'elle est attestée dans les récits de l'enfance. Présentée trop tôt et privée du contexte de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus, la conception virginale ne peut qu'être prise pour un mythe. Personnellement, je crois à la conception virginale de Jésus, parce que je crois à sa résurrection et que ma foi à l'ensemble de cet événement me permet d'accéder à la foi en un mystère que je ne peux atteindre que par des traditions évangéliques limitées.
Aujourd'hui, c'est plutôt la question de la virginité perpétuelle de Marie qui est à l'ordre du jour et défraie la chronique 5, en raison des nombreuses mentions des frères et soeurs de Jésus dans les évangiles. Le cas est délicat au regard de l'histoire : personne ne peut, dans l'état actuel de la recherche, apporter à ce plan la preuve définitive de la nature exacte de cette parenté, ni pour dire qu'il s'agit de vrais frères ni pour dire que ce sont des cousins, parce que les évangiles ne nous donnent pas les éléments nécessaires pour un tel jugement 6. Ce point doit donc être jugé à l'intérieur de l'organisme de la foi, à la lumière des raisons doctrinales apportées par la tradition chrétienne. Les chrétiens des premiers siècles ont développé progressivement cette doctrine, convaincus qu'elle n'était pas contraire aux données des évangiles. Ils y ont vu la conséquence normale du lien unique créé entre Marie et Jésus, lien qui engageait une consécration totale de la mère à la mission du Fils.
 

Marie, « icône » chrétienne de la femme


Les courants féministes récusent en Marie le modèle de la femme chrétienne, parce qu'ils y voient un appel à la passivité, au silence, à la modestie, à l'obéissance, l'humilité et la résignation, bref à l'effacement de la femme dans un rôle d'assistance à l'homme. Sans doute, au cours de l'histoire, des projections culturelles ont-elles exagérément et unilatéralement développé cette image. Mais il suffit de revenir aux témoignages évangéliques pour voir que l'humilité de Marie et son Fiat n'émanent nullement d'une personnalité étriquée et diminuée. Marie de Nazareth ose chanter le Magnificat, un cantique « révolutionnaire », si l'on fait un peu attention à ce qu'il dit, et qui déplaisait tant à Charles Maurras. Marie se montre dans son obéissance au dessein de Dieu pleine de courage, d'audace et de liberté.
 

MARIE VICTIME DES EXCÈS DE SES ZÉLATEURS


De l'autre côté, Marie demeure dans certains milieux l'objet d'une dévotion et d'une théologie héritées du mouvement mariai antérieur à Vatican II, et qui, avec les meilleures intentions du monde, résiste à entrer dans la visée propre à ce concile. Cette tendance se manifeste plus fortement aujourd'hui, au nom sans doute de l'axiome médiéval : « De Maria numquam satis » (« De Marie, on ne parlera jamais assez »), couramment attribué à saint Bernard, bien qu'il ne se trouve pas dans ses oeuvres. Elle s'exprime de manières diverses, dans la théologie, par des pétitions adressées à Rome et dans certaines manifestations populaires.
 

Excès théologiques


De thèses non équilibrées 7, remises en honneur mais déjà connues, on passe à des thèses nouvelles et surprenantes : puisqu'Eve a participé au péché d'Adam, Marie doit avoir participé en sens contraire à la rédemption apportée par le Christ ; Marie est bénéficiaire d'une « union hypostatique » avec l'Esprit Saint, de même que Jésus vivait de l'union hypostatique avec le Verbe. Telle est la thèse curieuse de Leonardo Boff, franciscain brésilien plus connu comme témoin de la théologie de la libération. Ce trait est lié chez lui à une considération très forte de la dimension féminine de l'Esprit ; le féminin est approprié au Saint-Esprit qui aurait de ce fait la mission de « diviniser hypostatiquement » le féminin, de même que le Christ divinise le masculin 8. A une telle thèse, il convient d'opposer un non catégorique. Elle est un abus manifeste de l'expression d'« union hypostatique », qui ne concerne que le Christ et qui ferait franchir à Marie la limite du créé.
S'il est légitime de s'interroger sur le lien de l'Esprit Saint à Marie, certaines affirmations concernant Marie « épouse de l'Esprit Saint » sont dangereusement ambiguës, en particulier pour la raison qu'on a dite : elles invitent à penser que l'Esprit a joué dans l'incarnation un rôle « procréateur ».
 

Demande de définitions nouvelles


La « mariologie » préconciliaire s'était engagée dans la requête de définitions dogmatiques nouvelles. Le concile de Vatican II a exprimé un refus net de continuer dans cette voie, qui ne correspond ni à la nature ni à la visée des définitions dogmatiques. Or une requête s'exprime aujourd'hui dans le sens de nouvelles définitions, comme si le dogme mariai avait besoin d'être complété ou achevé. Il ne s'agit plus d'ailleurs d'aspects de l'itinéraire spirituel de Marie, ni de sa place dans l'histoire du salut, mais de titres personnels que l'on demande de voir définir.
Ces dernières années, diverses pétitions, signées de cardinaux (on parle de quarante), d'évêques (quatre cent trente-cinq) et de fidèles (quatre millions, dit-on 9), sont parvenues au Saint-Siège pour demander la définition de trois nouveaux titres mariais, ceux de Médiatrice, de Corédemptrice et d'Avocate. La théologie de ces requêtes est largement développée dans un ouvrage en deux tomes, publié aux Etats- Unis en 1995 et en 1997, et dédicacé à Jean-Paul II. Il a pour titre : Marie, Corédemptrice, Médiatrice et Avocate. Fondements théologiques. Vers une définition papale 10 ? La moitié des contributions de l'ouvrage justifie le titre de Corédemptrice dont on sait combien il est ambigu, pour ne pas dire « objectivement erroné » 11. Il a été refusé par Vatican II et se trouve exclu du discours des papes depuis déjà de longues années. Pour étudier la réponse à donner à ces requêtes, le Saint-Siège a constitué une commission de quinze théologiens qui s'est réunie à Czestochowa. La réponse fut la suivante :
 
« Tels qu'ils sont proposés, les titres apparaissent ambigus, car on peut les comprendre de manières différentes. Il est appam, de plus, que l'on ne doit pas abandonner la ligne théologique suivie par le concile de Vatican II, qui n'a voulu définir aucun d'entre eux. Dans son magistère, il n'a pas employé le mot " Corédemptrice " et il a fait un emploi très sobre des titres de " Médiatrice " et d" Avocate ". En réalité, le terme de * Corédemptrice " n'est pas employé par le magistère des Souverains Pontifes, dans des documents importants, depuis l'époque de Pie XII. A cet égard, il y a des témoignages du fait que ce pape a évité intentionnellement de l'employer (...) Enfin, les théologiens, spécialement les théologiens non catholiques, se sont montrés sensibles aux difficultés oecuméniques qu'entraînerait une définition de ces titres » 12.

L'Académie pontificale mariale internationale commente ainsi la réponse de la Commission : « La réponse de la Commission, intentionnellement brève, fut unanime et précise : il n'est pas opportun d'abandonner le chemin tracé par le concile de Vatican II et de procéder à la définition d'un nouveau dogme. » Elle dit même sa surprise devant la demande de définition du titre de Corédemptrice, « à l'égard duquel le magistère nourrit des réserves et qu'il écarte systématiquement » 13.
Marie n'a pas à être l'objet de nouvelles définitions dans l'Eglise, qui — à supposer même qu'elles fussent fondées dans la foi — ne peuvent que rendre celle-ci plus difficile à beaucoup et gêner les relations oecuméniques. Le but du « dogme défini » dans la tradition ecdésiale est très précis : il s'agit de dirimer un moment de crise, quand un point vital de la foi est mis en cause. Si la dévotion devait gouverner le dogme, pourquoi ne demanderait-on pas d'abord la définition de nouveaux dogmes christologiques ?
On souhaiterait qu'aujourd'hui les zélateurs de la Vierge Marie acceptent enfin de ne plus lui porter tort par leurs outrances et reconnaissent que le plus grand honneur qu'ils puissent lui rendre, c'est de la respecter selon ce qu'elle fut dans l'Evangile : la servante du Seigneur.
 

Le succès des apparitions récentes


Il est impossible de ne pas mentionner ici le succès des apparitions les plus récentes de la Vierge, même s'il ne nous revient pas de porter un jugement sur leur authenticité : attendons celui de l'Eglise. On ne peut que se réjouir quand des fruits spirituels réels se manifestent dans des lieux d'apparition. Mais l'importance qui leur est attachée dans certains milieux et le discours qui se développe à leur sujet, comme les controverses suscitées malgré certaines mises en garde des évêques, restent inquiétants. On a parfois l'impression que ces apparitions sont présentées comme plus importantes que l'Evangile lui-même. Elles constituent même un point extrêmement sensible en notre temps. La moindre réticence à leur égard est trop vite interprétée comme le signe d'un manque de foi et d'amour pour la Vierge Marie.
Nous avons connu récemment en France les manifestations des « vierges pèlerines », statues promenées d'églises en églises, accompagnées d'un discours dévotionnel et de gestes de piété qui sont bien éloignés des orientations de Vatican II. La vigilance pour une catéchèse mariale authentique s'impose plus que jamais.
 

POUR UNE PRÉSENTATION CRÉDIBLE DE MARIE


Référons-nous à l'invitation de Vatican II qui « exhorte vivement les théologiens et les prédicateurs de la parole de Dieu à s'abstenir soigneusement, en considérant la dignité singulière de la Mère de Dieu, de toute exagération fausse tout comme d'une excessive timidité » (LG 67). Dans l'esprit du dernier concile, essayons donc de dégager les critères d'une théologie et d'une « dévotion » mariales crédibles pour notre temps.

• Marie ne devrait jamais être isolée de l'ensemble du discours de la foi chrétienne.
L'enseignement premier du chapitre VIII de Lumen Gentium est de situer « Marie, Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l'Eglise ». L'ambiguïté du terme même de mariologie est de faire penser que Marie doit donner lieu à un discours spécial qui lui est exclusivement consacré, et donc l'isole de l'ensemble de la théologie et de la considération de l'histoire du salut qui a son centre dans la personne du Christ,
Or, selon la formule de Paul VI, « Marie est toute relative à Dieu et au Christ ». Il nous faut donc passer de la « mariologie » à la « théologie mariale » et renoncer définitivement, à l'exemple du concile, à cette mariologie à prétention spéculative, dérivée de la méthode scolastique, qui, à coups de distinctions subtiles, permet des audaces de langage auxquelles elle est aussitôt obligée d'enlever par divers artifices toute portée réelle, si elle ne veut pas tout simplement tomber dans l'hérésie. Le meilleur exemple en est donné par les spéculations sur le titre de Marie Corédemptrice. Ce qui vaut de la théologie vaut aussi de la prédication et de la dévotion : Marie conduit au Christ, elle que l'iconographie traditionnelle nous montre portant son jeune enfant dans les bras ou à côté de son corps meurtri, descendu de la croix (Pietà).

• Marie est confessée par l'Eglise comme « Mère de Dieu » : tout ce qui la concerne part de là et doit y revenir. La dignité de sa personne vient de l'élection dont elle a été bénéficiaire par pure grâce de Dieu. Aussi, les deux dogmes définis par Pie IX sur l'Immaculée Conception (1854) et par Pie XII sur l'Assomption (1950) ne sont pas à considérer comme des privilèges arbitraires qui mettraient Marie en dehors du destin commun de la famille humaine, mais selon leur signification dans l'histoire du salut. L'Immaculée Conception de Marie maintient que Marie a été rachetée du péché originel au même titre que tout être humain — mais d'une manière différente, par préservation et non par purification. Elle exprime, par cette anticipation en Marie, la vocation de tout être humain à la sainteté parfaite. L'Assomption dit la vocation de toute l'Eglise à la gloire, dont Marie est le type anticipateur.

• Marie doit toujours être présentée comme une créature de Dieu, comme notre soeur en humanité, comme la fille d'Israël, la femme juive qui a vécu de la foi et de l'espérance de son peuple, comme celle qui a assumé, avec tous ses risques, la maternité d'un fils.
L'humanité féminine de Marie doit être mise en lumière, avec les diverses harmoniques qu'elle comprend : disponibilité entière au dessein de Dieu sans doute, mais aussi personnalité vivante et parfois audacieuse, qui non seulement chante le Magnificat mais aussi ose faire un reproche à son Fils (Le 2,48). Jamais Marie ne doit être présentée comme du côté de Dieu : elle est et restera toujours du côté des hommes. Elle est noue et nous accompagne dans notre marche. Fille de Sion, Marie est un membre de l'Eglise au même titre que tous les autres. Elle est aussi toute corrélative à l'Eglise (R. Laurentin). Sans doute tient-elle dans l'Eglise une place primordiale, puisqu'elle l'a représentée au moment de l'Annonciation et en est devenue le type ou l'icône. Mais l'exercice de sa maternité spirituelle suppose qu'elle assume, dans la grande famille ecclésiale, le rôle de la mère. Marie a « avancé dans le pèlerinage de la foi » (LG 58), thème conciliaire largement repris et développé par Jean-Paul II dans son encyclique sur Marie 14.

• Enfin, Marie a été servante avant d'être Reine. Notre mentalité n'est plus médiévale et ne résonne plus à l'accumulation des titres de grandeur et de beauté 15. Notre monde est quelque peu saturé de la théologie de Marie-Reine, pourtant traditionnelle. Marie s'est présentée elle-même à l'Annonciation comme la « servante du Seigneur » (Le 1,38). Respectons le titre qu'elle s'est décernée à elle-même. De même que Jésus le Serviteur s'est abaissé (Ph 2,8) jusqu'à la mort de la croix, de même Dieu a regardé la bassesse (Le 1,48) de sa servante. Ce ne sont plus les privilèges qui attirent l'attention, mais la Vierge d'Israël qui représente les pauvres du Seigneur, a mené une vie ordinaire et s'est effacée devant la mission de son Fils, pour se retrouver présente à l'épreuve de la croix, celle qui s'offre ainsi à notre imitation. Concluons par une formule qui ne peut que rassembler protestants et catholiques : tout en Marie vient de la grâce de Dieu (sola gratia) ; tout en elle est la réponse de la foi (sola fide) ; tout enfin en Marie rend gloire à Dieu (soli Deo gloria) 16.



1. Cf R. Laurenun, La question manale (Seuil, 1963), livre d'opinion que l'auteur jugeait « urgent d'écrire au seuil du débat mariai de Vatican II »
2. La première est certainement beaucoup plus centrale que la seconde, puisqu'elle touche à la divinité du Christ.
3. De la naissance des dieux à la naissance du Christ (Seuil, 1992)
4. Ne pouvant reprendre ici le dossier de manière complète, )e me permets de renvoyer à l'exposé que j'en ai fait dans Pédagogie du Christ Eléments de chnstologie fondamentale (Cerf, 1994, pp 203-229)
5. A partir du livre de ) Duquesne, Jésus (Flammanon/Desclée de Brouwer, 1994) et de la thèse défendue par F Refoulé . Les frères et soeurs de Jésus frères ou cousins ? (Desdée de Brouwer, 1995)
6. Sur ce point, voir la position prise par le groupe des Dombes, Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints (Bayard/Centunon, 1999, pp. 121-123).
7. Cf., entre bien d'autres livres, R Javelet, Marie, la Femme médiatrice (OEIL, 1984) , D Lacouture, Marie Médiatrice de toutes grâces. Raison, enjeux, conséquences (Editions des Béatitudes, 1995) et l'ouvrage signalé dans la note 10.
8. Voir des formules curieuses, en ce sens, dans O rosto matemo de Deus. Ensato interdisciplinar sobre o feminino e suas formas religiosas (Voces, 1979)
9. Chiffres donnés dans le livre de D Lacouture, op cit., p 35
10. Mark I Miravalle (éd ), Mary, Coredemptnx, Mediatnx, Advocate. Theological Foundations Towards a papal définition ? (Queenship Pubhshing, 1995) , II. Papal, Pneumatological, Ecumemcal (id, 1997).
11. Quoi qu'il en soit, bien sûr, des intentions de ses zélateurs
12. Documentation catholique du 2 avril 1995, n" 2113, p. 693
13. Ibld., p. 694-695.
14. Redemptons Mater (1987), 12-19
15. Cette préoccupation s'est transportée dans les concours de beauté (Miss France, Miss Monde) et dans les superlaufs que l'on peut donner aux vedettes du cinéma et de la chanson Ne faisons pas de Mane une star spirituelle '
16. Thème que j'ai développé dans une conférence de Carême de Notre-Dame de Pans en 1988 (cf Pour une théologie oecuménique, Cerf, 1990, pp 389-404