Desclée de Brouwer, 2010, 142 p., 12 euros.

Il n’est pas facile de faire, en aussi peu de pages, une biographie d’Helder Camara (1909-1999) qui rende compte de la richesse de sa vie et de sa person­nalité. Aussi est-ce avec modestie que Chantal Joly présente une « petite vie » de Dom Helder, en faisant un portrait nuancé, écrit dans un style vivant, bien que parfois un peu négligé.
L’ouvrage retrace l’évolution du jeune prêtre, qui partage les positions inté­gralistes des « chemises vertes », tout en créant une Légion de travail pour défendre les travailleurs mal payés. Homme d’action charismatique, que le pouvoir en place cherche à utiliser, il va découvrir la pensée de Maritain et de Mounier. Mais c’est en 1955, après une rencontre avec Mgr Gerlier, que s’opère en lui une véritable conversion, et qu’il choisit le service des pauvres.
Cette biographie met en évidence la modernité et l’inventivité des solu­tions qu’il met en oeuvre à Recife, entre autres le microcrédit et la Banque de la providence, ainsi que ses intuitions prophétiques concernant la mondia­lisation et le statut des immigrés en Europe. Elle souligne sa marginalisa­tion progressive, depuis son discours d’intronisation, où il refuse de disso­cier charité et justice sociale, ce qui le range parmi les « évêques rouges » et le condamne à la loi du silence, lui qui voulait sauver les masses de la fascina­tion communiste.
Les derniers chapitres, qui montrent sa solitude au sein de l’Église à laquelle il est resté fidèle, en viennent tardivement à la vie spirituelle de ce « veilleur de l’Évangile », alors même qu’elle fonde l’unité de son action et de sa personne. La conclusion en appelle à la réflexion du lecteur : qu’en est-il de l’héritage de Dom Helder ?