«Sortir de l’enfance », « retomber en enfance » : ces expressions traditionnelles d’un voeu et d’un regret soulignent le paradoxe de l’appel évangélique à « devenir comme les enfants ». Qu’est-ce que cette enfance à quitter et à trouver ? S’agirait-il, comme le demande Nicodème, d’« entrer dans le sein de sa mère pour naître à nouveau » ? L’ensemble des paroles de l’Évangile de Jean indiquent une ligne de réponse, à partir du thème de la filiation, notamment dans les débats sur les « Fils d’Abraham » : il s’agit bien de se reconnaître fils ou fille, mais de quel « Père » ? L’enfant, dans cette perspective, est celui qui, en esprit et en vérité, est proche de son origine, qui la « reconnaît ».
Se savoir, se reconnaître fils ou fille : ce fil directeur peut aider à relier ce qui, dans l’existence d’un sujet humain, fait sens ou fait question. De toujours, cette expérience humaine a été constitutive de l’identité personnelle et sociale, mais toujours elle devait, ainsi que la réponse, traverser les âges de la vie : on n’est pas fils ou fille de la même manière de la naissance à l’âge mûr, on ne le reconnaît pas du même regard. Or, depuis l’entrée en scène des nouvelles possibilités d’assistance médicale à la procréation, et devant la perspective de « maîtrise » de cet événement, les interrogations sont nombreuses. On parle de « malaise dans la procréation » 1 et, corrélativement, de doute sur la filiation. Grâce aux progrès de la biomédecine, ce qui, dans la génération humaine, relève des corps est de mieux en mieux connu et devenu objet d’intervention, voire de programme. En même temps, ce qui relève d’une parole, d’une affirmation de reconnaissance, est mis en évidence dans des enquêtes familiales, voire dans des revendications de paternité et de maternité dans des conditions corporelles nouvelles, notamment hors sexualité. Sans parler d’un hypothétique clonage, quand dès aujourd’hui un enfant peut « avoir », suite à des échanges et transferts de gamètes, jusqu’à deux pères et trois mères, comment sortira-t-il d’un tel imbroglio 2 ?
La plupart du temps, ces débats sont vus du côté des décideurs, que sont en premier lieu les candidats parents, ainsi que les responsables du cadre sociojuridique de la vie familiale et de l’exercice des pratiques médicales. Ainsi, en France, le « projet
Se savoir, se reconnaître fils ou fille : ce fil directeur peut aider à relier ce qui, dans l’existence d’un sujet humain, fait sens ou fait question. De toujours, cette expérience humaine a été constitutive de l’identité personnelle et sociale, mais toujours elle devait, ainsi que la réponse, traverser les âges de la vie : on n’est pas fils ou fille de la même manière de la naissance à l’âge mûr, on ne le reconnaît pas du même regard. Or, depuis l’entrée en scène des nouvelles possibilités d’assistance médicale à la procréation, et devant la perspective de « maîtrise » de cet événement, les interrogations sont nombreuses. On parle de « malaise dans la procréation » 1 et, corrélativement, de doute sur la filiation. Grâce aux progrès de la biomédecine, ce qui, dans la génération humaine, relève des corps est de mieux en mieux connu et devenu objet d’intervention, voire de programme. En même temps, ce qui relève d’une parole, d’une affirmation de reconnaissance, est mis en évidence dans des enquêtes familiales, voire dans des revendications de paternité et de maternité dans des conditions corporelles nouvelles, notamment hors sexualité. Sans parler d’un hypothétique clonage, quand dès aujourd’hui un enfant peut « avoir », suite à des échanges et transferts de gamètes, jusqu’à deux pères et trois mères, comment sortira-t-il d’un tel imbroglio 2 ?
La plupart du temps, ces débats sont vus du côté des décideurs, que sont en premier lieu les candidats parents, ainsi que les responsables du cadre sociojuridique de la vie familiale et de l’exercice des pratiques médicales. Ainsi, en France, le « projet