« Si trop souvent nous n’avançons pas dans les voies spirituelles, c’est parce que nous vivons le quotidien de manière répétitive, sans recul et sans profondeur. Pour nous convertir nous attendons l’exceptionnel et parfois nous en voulons à Dieu de ne pas le placer sur notre route… Or, c’est aujourd’hui que Dieu nous attend, qu’Il est présent  à nos vies, d’une présence humble et discrète qu’il nous faut apprendre à reconnaître. » (Christus n°137, page 51). Ces paroles de Michel Rondet résonnent dans toute leur pertinence en ce mois de mars alors que le Pape nous appelle à tenir bon dans la prière « pour que l’Église tout entière reconnaisse l’urgence de la formation au discernement spirituel au niveau personnel et communautaire. »

S’il y a une urgence dans la formation au discernement, c’est précisément parce qu’il nous faut apprendre à reconnaître que c’est aujourd’hui dans le quotidien le plus ordinaire que le Seigneur se rend présent et nous parle. Si nous passons nos oraisons à déplorer le manque de grands élans mystiques nous passerons à côté de la vraie conversion. C’est à dire celle où la fougue des commencements se transforme en un humble accueil de la vie telle qu’elle se présente à nous avec ses sommets et ses fossés. Car nous devenons vraiment des croyants quand notre foi connaît l’épreuve du doute et des embûches. C’est notre lot à tous ce serait nous leurrer que d’affirmer le contraire.  Dans cette condition ordinaire du croyant le discernement est le cadeau précieux qui nous est fait car c’est lui qui nous permet de suivre le Christ à travers la brume. L’Église, constituée de tous les hommes et de toutes les femmes de foi, éprouve elle aussi ce même besoin de discerner pour mener à bien son chemin à la suite du Seigneur.

En ces temps de carême vivons l’humble conversion et rendons grâce de ce que le Seigneur nous donne les moyens de lui rester fidèles.