Trad. S. Molla.
Labor et Fides, 2010, 221 p., 25 €.

Traduction d’un livre paru aux États-Unis en 2007, cet essai prend en quelque sorte le contre-pied de la formule de Charles Péguy pour qui la grande tentation chrétienne est la dérive mystique. Car il ne s’agit pas simplement de la foi qui inspire la lutte pour la justice sociale, comme le laisserait supposer le titre américain Living Faith. How Faith Inspires Social Justice ; il s’agit explicitement de la mystique conçue comme relation directe, sinon à la divinité, du moins à ce qui fait en chaque personne l’unité de soi-même avec les autres. L’appendice propose dix-sept courtes biographies de « militants mystiques du XXe siècle » depuis le Dalaï Lama jusqu’à Elie Wiesel, en passant par Gandhi, Martin Luther King, Dorothy Day, Thomas Merton, Nelson Mandela. L’auteur privilégie trois exemples choisis parmi trois religions, la religion chrétienne pour l’Allemand Bonhoeffer, musulmane pour l’Américain Malcolm X et bouddhiste pour la Birmane Aung Suu Kyi. Sont mis au jour les éléments semblables (la référence à une religion, l’importance de la conversion personnelle, le prêt-à-penser dont il faut se libérer) et entrelacés les éléments biographiques en insistant sur les microévénements qui ont marqué l’histoire tantôt personnelle, tantôt sociale, voire les deux. Le lecteur en apprendra beaucoup sur l’évolution spirituelle de Malcolm X qui a marqué les esprits par sa violence révolutionnaire. Il retiendra aussi que la mystique – si mystique il y a – n’a pas grand-chose à voir avec sa représentation romantique : elle est un combat contre soi-même qui engage toute l’humanité.