Ce livre fait le récit d'une conversion. Née dans une famille indo-musulmane, Chahina-Marie a grandi à Madagascar. À l'adolescence, elle vient en France poursuivre ses études et fait, à l'âge adulte, la rencontre du Christ. Commence alors un long parcours de conversion au christianisme. Portée par une conviction forte que sa foi chrétienne n'est pas en rupture avec la foi de son enfance, foi qui a fait d'elle la femme qu'elle est devenue, Chahina-Marie va persister (parfois contre vents et marées) à maintenir que son attachement profond au Christ est un accomplissement de sa foi musulmane. Ce qui devient une évidence pour elle au fil des années est loin d'être facile à accepter par nombre de chrétiens qu'elle rencontre, à commencer par certains qui seront amenés à attester de son chemin de foi en vue du baptême. Chahina-Marie tient bon et nous lui en savons gré. En effet, par les temps qui courent, il est indispensable que des témoins comme elle prennent la parole pour nous rappeler que les frontières ne doivent pas se transformer en murailles. Son multiculturalisme, profondément ancré dans son expérience de vie, frappe dès les premières pages. Il faut ce genre d'expérience et de témoins pour nous permettre de comprendre que les frontières et barrières ne correspondent pas à une réalité qui est toujours métissée. L'itinéraire de Chahina-Marie, enrichi par ce tissage des religions et des cultures, n'est pas sans évoquer celui d'un certain Gad Elmaleh. Ce dernier montre également une détermination à favoriser la rencontre et la fraternité et à rejeter tout ce qui est facteur de division et de refus de l'autre. On perçoit à lire le témoignage de Chahina-Marie que cette vocation de « trait d'union » n'est pas sans susciter certaines incompréhensions. Mais le succès que rencontre ce livre témoigne de la soif à laquelle il répond.
On se laisse entraîner par l'itinéraire de cette fervente disciple du Christ qui raconte son admiration pour un père imam qui lui a inculqué le sens religieux, le respect des autres, la liberté, la charité. Pour sa mère aussi, femme de foi et de conviction. Elle rend hommage à tous les chrétiens croisés sur son chemin qui l'ont aidée à s'autoriser à être aujourd'hui Chahina-Marie, un trait d'union entre plusieurs cultures et plusieurs religions.