Archéologue, Nathalie Beaux nous fait profiter de ses découvertes autour des vestiges des anciens ermitages proches du mont Sinaï. Son livre est le fruit de « presque trente ans » de visites régulières aux moines du monastère de Sainte-Catherine qui lui « permirent de revenir, encore et encore, et d’ouvrir chaque fois, dans le mystère de ce lieu sacré, une autre et minuscule porte de cet immense espace spirituel ». Un livre qui fut donc « enfanté » au long des années.
Le titre suggère son contenu, mais s’il s’agit bien de Moïse, du Christ et de leur « rencontre » au Mont Sinaï, nous rencontrerons encore Élie et Jacob
et, curieusement, Marie, Joseph et l’enfant dans leur « fuite en Égypte », que l’auteur imagine revenant au Sinaï (ou Horeb). Sans oublier cette autre « Montagne sainte » qu’est le Thabor, car « Moïse au visage transfiguré devant
Dieu est le miroir et le précurseur du Christ transfiguré ». Parcourir ce livre en croyant, c’est pénétrer dans cet « immense espace spirituel » nourri de la grande tradition patristique, en particulier de Grégoire de Nysse dans La vie de Moïse. Spiritualité déconcertante pour un esprit occidental, mais où tout chrétien trouve matière à méditation, contemplation, allégresse spirituelle, s’il se laisse conduire jusqu’à la profondeur d’un mystère que l’on n’approche que « déchaussé »…
L’ouvrage, préfacé par l’archevêque du Sinaï, jalonné d’une soixantaine de photos évocatrices (vestiges archéologiques, icônes du monastère), est introduit par le P. Boris Bobrinskoy (Institut Saint Serge), qui donne plusieurs clefs de lecture, à partir des trois fils typographiques de couleur (bleu, brun, noir). L’auteur nous offre selon « une triple narration où le temps et l’espace s’amenuisent et où s’interpénètrent les trois temps de l’histoire du salut : Jésus au coeur de la Montagne, Moïse et le Buisson ardent, l’actualité de la Montagne sainte ». Ce pèlerinage permet à chacun de nous de se (re)découvrir, avec ces ermites et moines rencontrés en chemin, « en marche à la suite du Christ, nourris et guidés par le même Esprit, embrasés intérieurement par son Feu et découvrant gravé au plus profond de [son] coeur le Nom sacré de Jésus »

Marie-Amélie Le Bourgeois