Desclée de Brouwer, 2001, 128 p., 12,96 €.

Savoir, écriture et foi s'allient heureusement pour nous livrer, de l'intérieur, ce que Dominique de Guzmân, fondateur de l'ordre des prêcheurs, aurait pu nous dire au soir de sa vie.
Bouffées de poésie tout autant que d'histoire, les souvenirs de Dominique nous mènent de Castille au Danemark, de Toulouse à Rome, en poursuivant inlassablement une reconquête des âmes à la « vraie foi », au coeur de cette chrétienté contestée sur son propre terrain : la vie à l'imitation du Christ que mènent les « parfaits » cathares. L'intuition de Dominique et de son évêque Diègue est qu'il n'y aura de combat efficace du catharisme qu'en abandonnant les fastes de l'Eglise. C'est pieds et mains nus qu'il faut aller porter la contradiction et la vérité.
Toute la force de Dominique est dans ce don de soi pour apporter le pardon et la réconciliation. C'est ainsi que se forme autour de lui une fraternité : « le laissais venir à moi ceux qui souhaitaient contribuer sans armes à la reconquête. Nous leur donnions une robe de laine, un manteau long, un Evangile. » Sa douleur incessante est de voir et de pressentir ce que feront soldats et légats : « Je savais aussi que même si les prélats bottés se faisaient aider par des prédicateurs que le Pontife désirait "pleins de discernement et de valeur morale", ils inclinaient plutôt à restaurer la puissance de l'Eglise que le pouvoir de l'Esprit. »
Celui qui s'était voulu contemplatif s'est retrouvé jeté sur les routes et les chemins, prédicateur infatigable (les « disputes » pouvaient durer huit, voire quinze jours) et fondateur de cet ordre qu'il eut le bonheur de voir se développer, s'ancrer dans sa mission, se répandre du « pays de Toulouse » aux dimensions du monde, partout où se manifestaient les grandes nécessités de prêcher l'Evangile.