« L'Église, c'est que je ne peux pas être seul devant Dieu. » Telle était la manière dont le théologien Maurice Bellet concevait la koinonia, cette essentielle communion fraternelle trop souvent réduite à un aspect organisationnel. Non qu'il reniât l'institution : il lui est demeuré indéfectiblement fidèle. Mais cet homme à la foi profonde et tourmentée qui, sa vie durant, ne cessa de tendre l'oreille pour percevoir, dans les replis de la Parole, la voix de « fin silence » encore inouïe, n'avait pas de temps à dépenser, disait-il, pour disserter sur les problèmes d'intendance. Plus loin. Toujours plus loin, en amont et au-delà de ce qui se voit, se vit, se parle ordinairement. Pendant un demi-siècle et au fil de plus de soixante ouvrages, il a tracé un chemin inédit. Inclassable, électron libre, inconnu ou ignoré de beaucoup, considéré comme un prophète par bien d'autres, Maurice Bellet ne s'embarrassait ni de notoriété académique ni de reconnaissance médiatique. Seule comptait sa quête, chaque jour recommencée : travailler pour que la Parole qui donne vie puisse se donner à entendre à lui mais aussi, indissociablement, à ses frères et sœurs en humanité.

Indispensable relation

Le cœur du cœur de