Marcel Légaut (1910-1990) fut, tout au long de sa vie, un chercheur de l’essentiel, un « éveilleur incomparable », un penseur de l’intériorité au cheminement spirituel original et inspirant. Il est l’auteur d’ouvrages tels que L’homme à la recherche de son humanité (Aubier, 1971) ou Mutation de l’Église et conversion personnelle (Aubier, 1975) ou encore Devenir soi : rechercher le sens de sa propre vie (1980). Un article de la revue Études paru en octobre 1970 (pp. 417-430) sous le titre « La passion de l’Église » fut à l’origine de sa rencontre avec Thérèse De Scott. Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de mathématiques et docteur en sciences, enseignant dans les universités, Marcel Légaut décida de tout quitter, en 1951, pour s’installer dans la Drôme, à l’abbaye de Val-Croissant pour devenir paysan. Il a pris sa propre existence comme point de départ, comme un point d’appui pour mener une réflexion sur le mystère de l’homme, et s’approcher du mystère de Dieu. La réédition de cet ouvrage paru en 1984 est une belle occasion de nous mettre à l’écoute de son cheminement spirituel, de son compagnonnage avec le Christ, de son amour de l’Église, à travers le récit de sa vie et l’anthologie de ses ouvrages. Ce maître spirituel hors normes conduit chacun à une écoute plus profonde de ce « qu’on a vécu du dedans ». Thérèse De Scott nous oriente et nous guide avec beaucoup de finesse dans cette œuvre à méditer, à savourer, pour nous laisser plus profondément saisir par la force de l’Évangile. Marcel Légaut vécut en homme engagé : « Quant à moi, écrit-il, j’entre de plus en plus dans ma voie. Lorsqu’on a commencé à couper les amarres, le navire est plus docile aux courants qui le portent et les premières liberté et légèreté découvertes appellent la rupture d’autres amarres… et on ne sait où on va, mais on ne peut douter que l’on va en Dieu. » Cette rencontre d’une grande fécondité nous conduit à la source de notre foi et nous rappelle que « toute âme vivante a besoin d’un témoin dans sa vie qui puisse la faire se découvrir en l’écoutant. Toute âme donnée sur la vie montante a besoin d’un entraîneur qui lui révèle sa force et réveille son ardeur. Et l’espérance ne s’incarne dans ma chair que par la parole dite à un ami qui sait en vivre ».
Franck Delorme