Albin Michel, 2005, 147 p., 15 euros.
Nicolle Carré s’est fait connaître, il y a cinq ans, par son livre Préparer sa mort (L’Atelier, 2001). Atteinte d’une leucémie, victime d’une rechute, elle sort grandie de l’épreuve sur un chemin qui pouvait inclure peur de la mort, amour de la vie, blessures, échecs et limites. Ce deuxième ouvrage approfondit ce thème (apprendre à vivre en apprenant à mourir) sous une forme originale : la relecture à deux voix — celle de l’auteur et celle de son mari universitaire, agnostique — de ces dix années de combat partagée au quotidien. Le but de ce livre est clairement exprimé : « Quand on est passé par là, on ne peut plus garder pour soi tout seul ce que l’on a appris. Il nous faut parler pour ceux qui vivent aussi cela et pour ceux qui le vivront un jour. »
De fait, ce qui aurait pu relever de l’intimité d’un couple dans la mouvance des crises traversées se révèle au long des pages comme une lente initiation à l’accompagnement : « La maladie est troublante initiation à l’autre, ce qui est autre, ce qui vient d’ailleurs tantôt attire, tantôt provoque le rejet, souvent les deux à la fois. » Que devient cet accompagnement au moment où le patient, nouveau Job, entre dans le dépouillement, ne connaît plus de demain et que seul aujourd’hui existe pour lui ? Il peut s’enfoncer dans sa solitude et se jeter hors du monde. Parler, pour le patient, est un apprentissage qui permet de continuer à vivre, à travers des mots directs et des symboles. La parole est fragile : si elle n’est pas entendue, elle devient « le lit du désespoir ». Mais elle peut transformer tous ceux qu’elle touche. La relation de confiance est de l’ordre du don mutuel.
Nicolle Carré retrace surtout son chemin spirituel. Sa foi, au premier seuil de la mort, la préparait au face à face avec Dieu. Sa guérison fait éclater son amour de la vie. À l’ombre de la mort, elle peut écrire à la fois qu’elle ne sait plus rien de Dieu et dire inlassablement : « En toi, je me fie. » Aucune profession de foi ne vaut celle de la vie.
Que soient remerciés les auteurs de ce livre exceptionnel qui ne peut laisser personne indifférent. Du début à la fin, la parole est vraie, ciselée de couleurs métalliques. Au-delà de l’expérience de la maladie d’un proche, les accompagnants seront nécessairement interrogés sur la qualité de leur présence.
Nicolle Carré s’est fait connaître, il y a cinq ans, par son livre Préparer sa mort (L’Atelier, 2001). Atteinte d’une leucémie, victime d’une rechute, elle sort grandie de l’épreuve sur un chemin qui pouvait inclure peur de la mort, amour de la vie, blessures, échecs et limites. Ce deuxième ouvrage approfondit ce thème (apprendre à vivre en apprenant à mourir) sous une forme originale : la relecture à deux voix — celle de l’auteur et celle de son mari universitaire, agnostique — de ces dix années de combat partagée au quotidien. Le but de ce livre est clairement exprimé : « Quand on est passé par là, on ne peut plus garder pour soi tout seul ce que l’on a appris. Il nous faut parler pour ceux qui vivent aussi cela et pour ceux qui le vivront un jour. »
De fait, ce qui aurait pu relever de l’intimité d’un couple dans la mouvance des crises traversées se révèle au long des pages comme une lente initiation à l’accompagnement : « La maladie est troublante initiation à l’autre, ce qui est autre, ce qui vient d’ailleurs tantôt attire, tantôt provoque le rejet, souvent les deux à la fois. » Que devient cet accompagnement au moment où le patient, nouveau Job, entre dans le dépouillement, ne connaît plus de demain et que seul aujourd’hui existe pour lui ? Il peut s’enfoncer dans sa solitude et se jeter hors du monde. Parler, pour le patient, est un apprentissage qui permet de continuer à vivre, à travers des mots directs et des symboles. La parole est fragile : si elle n’est pas entendue, elle devient « le lit du désespoir ». Mais elle peut transformer tous ceux qu’elle touche. La relation de confiance est de l’ordre du don mutuel.
Nicolle Carré retrace surtout son chemin spirituel. Sa foi, au premier seuil de la mort, la préparait au face à face avec Dieu. Sa guérison fait éclater son amour de la vie. À l’ombre de la mort, elle peut écrire à la fois qu’elle ne sait plus rien de Dieu et dire inlassablement : « En toi, je me fie. » Aucune profession de foi ne vaut celle de la vie.
Que soient remerciés les auteurs de ce livre exceptionnel qui ne peut laisser personne indifférent. Du début à la fin, la parole est vraie, ciselée de couleurs métalliques. Au-delà de l’expérience de la maladie d’un proche, les accompagnants seront nécessairement interrogés sur la qualité de leur présence.