Cette lettre a été écrite à la fin de l’année 411. Proba, surnommée « Faltonie », s’était retirée en Afrique à la prise de Rome par les Goths. Elle était la femme de Probe, préfet du prétoire et consul en 371, qui venait donc de mourir.
Une lecture un peu rapide de cette lettre peut donner à penser qu’Augustin pousse Proba à demeurer dans son veuvage, attitude qui aurait plus de mérite aux yeux de Dieu. Mais c’est oublier que l’évêque d’Hippone répond – et tardivement – à une demande de conseil de Proba. Surtout, ce serait manquer la « pointe » la plus spirituelle et originale de la démarche d’Augustin.
 
De même que l’âme séparée de Dieu ne peut trouver sa vitalité et sa joie que dans l’intimité retrouvée avec Dieu, de même, c’est en vivant son « abandon » dans la prière que Proba trouvera la véritable consolation. Elle accueillera ainsi son avenir, quel qu’il soit, comme la volonté de Dieu. Seule manière de maintenir son coeur ouvert, au-delà des plaisirs familiaux qu’Augustin juge par ailleurs bien légitimes lorsqu’une grand-mère, comme Proba, est confrontée à une solitude non choisie.
Me rappelant que vous m’aviez demandé, et que je vous avais promis, de vous écrire quelque chose sur la manière de prier