Pour trouver Dieu, faut-il fuir la ville et la foule ? La nature serait-elle le seul livre qui parle véritablement du Créateur ? La ville est le lieu par excellence de la rencontre d'autrui, voie royale de l'expérience spirituelle.

Mais où donc est Dieu en ville ? Faut-il, pour le trouver, fuir et nier la ville ? La ville serait un enfer, ou mieux un purgatoire. En la fuyant vers le lac et la campagne, on irait faire le plein de Dieu pour revenir ensuite vers le devoir et, trop souvent, la faute. On pourrait aussi fuir la ville de l'intérieur, en s'isolant des autres, en se refermant sur soi, dans l'intimité du foyer ou du logement privé. Repliement de la famille ou, plus fréquemment encore, de l'individu seul dans son meublé avec sa radio, sa télé ou son ordinateur. Repliement sur l'intime de l'intime, trouvant Dieu en soi. On pourrait enfin trouver Dieu dans la ville elle-même, au cœur de ses enjeux quotidiens, dans l'affrontement de soi avec autrui.

Ce sont ces trois pistes, traditionnelles toutes trois, que le croyant et la croyante d'aujourd'hui empruntent dans les villes. Mais il faut en comprendre les déplacements et les ancrages proprement chrétiens et chercher à en décoder les règles pour aujourd'hui, afin d'éviter l'aliénation et l'illusion.

Le chemin de la nature

La voie du contact de Dieu au sein de la nature fait partie du discours obligé. La nature est un livre qui parle du Créateur. Se laisser prendre par la beauté et l'harmonie des choses, saisir comme une présence diffuse au sein du cosmos. Sentir sa petitesse devant la mer ou la montagne, sa fragilité devant la forêt, s'enivrer d'odeurs, de grand vent ou de soleil, s'oublier et se fondre dans plus grand que soi-même, c'est souvent la première assise de l'expérience religieuse. C'est le dieu des théophanies, le dieu du mystère frémissant de la nature. Monastères et lieux de pèlerinage germent sur les sites les plus imposants,