Catherine Aubin, dominicaine, offre à mi-chemin de la réflexion et de la méditation un ouvrage savoureux sur la vie spirituelle et les cinq sens. « Plus l’homme s’approche de Dieu, plus ses sens spirituels se déploient, plus il devient sensible à l’action de Dieu. » Il est donc nécessaire d’ouvrir les « fenêtres de l’âme » pour élever la vie sensible à l’expérience spirituelle et les voir s’affiner l’une par l’autre selon des accords toujours plus abondants. Le parcours proposé dans ce livre va de l’ouïe à l’odorat.
L’ouïe se montre le plus vulnérable des sens mais aussi le plus décisif si l’on veut bien entendre la parole qui vit au plus intime de l’âme. Dieu veut être écouté comme un Père, lui qui appelle chacun de ses fils adoptifs par son Nom. « L’écoute est l’oeil du Nom », et il n’y a pas un instant de trop pour mieux apprendre la liberté de l’entendre et de le suivre.
L’oeil est le sens qui touche le plus fortement la mémoire : « L’image ne pénètre pas seulement le corps mais aussi le coeur ou l’âme. » Le mot hébreu ayin, signifiant à la fois « oeil » et « source », rappelle la promesse d’une parfaite union entre la lumière du dehors et la lumière du dedans. Encore faut-il pouvoir se reconnaître impuissant à voir la vérité si nous voulons recevoir du Christ la guérison de nos regards voilés.
Le goût met sans doute davantage aux prises avec le choix radical de goûter ou de dévorer, à l’instar de la bouche prête à répandre la bénédiction de Dieu ou à maudire autrui de son propre chef. La faim de Dieu se manifeste aussi dans le goût quand l’Eucharistie comble la faim du coeur et de l’esprit mieux que toute autre nourriture.
Le toucher correspond davantage à la vérité du lien social. Entre distance et contact, la vérité du tact engage à consoler l’autre par une présence et des gestes nécessaires et discrets. Dieu se laisse toucher par qui sert joyeusement son prochain, et Mère Teresa pouvait dire avec simplicité : « Quand je touche les membres puants des lépreux, je sais que je touche le Corps du Christ. »
Quant à l’odorat, il peut signifier l’exercice d’un discernement qui tranche entre le pervers et le divin. Saint Augustin affirme ainsi que « l’homme intérieur a des narines pour percevoir la bonne odeur de la justice et la mauvaise odeur du péché ». L’odorat exprime également les noces de Dieu et des croyants, que ce soit dans le Cantique des cantiques ou dans plusieurs lettres de saint Paul. La « bonne odeur du Christ » et le parfum exquis de la foi et de l’amour, nard et sachet de myrrhe, disent une alliance qui ne s’impose pas de l’extérieur ; elle pénètre, au contraire, en profondeur et en douceur comme une brise légère et un encens.
En bref, ce voyage intérieur à travers les sens et les difficultés de notre époque à vouloir les vivre en Dieu n’est rien moins qu’une invitation à accueillir « dans l’intelligence et la volonté » les « paroles, les visions et les sentiments […] par lesquels l’Esprit Saint attire vers le Père dans le Fils ».
Claude Tuduri
L’ouïe se montre le plus vulnérable des sens mais aussi le plus décisif si l’on veut bien entendre la parole qui vit au plus intime de l’âme. Dieu veut être écouté comme un Père, lui qui appelle chacun de ses fils adoptifs par son Nom. « L’écoute est l’oeil du Nom », et il n’y a pas un instant de trop pour mieux apprendre la liberté de l’entendre et de le suivre.
L’oeil est le sens qui touche le plus fortement la mémoire : « L’image ne pénètre pas seulement le corps mais aussi le coeur ou l’âme. » Le mot hébreu ayin, signifiant à la fois « oeil » et « source », rappelle la promesse d’une parfaite union entre la lumière du dehors et la lumière du dedans. Encore faut-il pouvoir se reconnaître impuissant à voir la vérité si nous voulons recevoir du Christ la guérison de nos regards voilés.
Le goût met sans doute davantage aux prises avec le choix radical de goûter ou de dévorer, à l’instar de la bouche prête à répandre la bénédiction de Dieu ou à maudire autrui de son propre chef. La faim de Dieu se manifeste aussi dans le goût quand l’Eucharistie comble la faim du coeur et de l’esprit mieux que toute autre nourriture.
Le toucher correspond davantage à la vérité du lien social. Entre distance et contact, la vérité du tact engage à consoler l’autre par une présence et des gestes nécessaires et discrets. Dieu se laisse toucher par qui sert joyeusement son prochain, et Mère Teresa pouvait dire avec simplicité : « Quand je touche les membres puants des lépreux, je sais que je touche le Corps du Christ. »
Quant à l’odorat, il peut signifier l’exercice d’un discernement qui tranche entre le pervers et le divin. Saint Augustin affirme ainsi que « l’homme intérieur a des narines pour percevoir la bonne odeur de la justice et la mauvaise odeur du péché ». L’odorat exprime également les noces de Dieu et des croyants, que ce soit dans le Cantique des cantiques ou dans plusieurs lettres de saint Paul. La « bonne odeur du Christ » et le parfum exquis de la foi et de l’amour, nard et sachet de myrrhe, disent une alliance qui ne s’impose pas de l’extérieur ; elle pénètre, au contraire, en profondeur et en douceur comme une brise légère et un encens.
En bref, ce voyage intérieur à travers les sens et les difficultés de notre époque à vouloir les vivre en Dieu n’est rien moins qu’une invitation à accueillir « dans l’intelligence et la volonté » les « paroles, les visions et les sentiments […] par lesquels l’Esprit Saint attire vers le Père dans le Fils ».
Claude Tuduri