On peut présenter ces Exercices comme une retraite ignatienne qui se déroule, non pas dans un centre spirituel, retiré du monde pour un temps, en silence, autour de la méditation de la Parole de Dieu, mais dans les rues d’une ville avec un groupe de quatre à huit personnes. Le vécu de la journée est partagé après le repas du soir pris en commun. Dans l’esprit, cette manière de faire retraite cherche à rejoindre l’expérience originaire d’Ignace à Manresa, avant la rédaction et la mise en forme du livret des Exercices.
Pour en expliquer l’histoire et les pratiques actuelles, Yves Stoesel a repris une intervention prononcée lors d’un forum du Congrès de Nevers de la Communauté Vie Chrétienne (Pentecôte 2 010). Nous en avons conservé le caractère oral.
D’autre part, Claude Tuduri a accepté que certains de ses poèmes se joignent à cette présentation des Exercices dans la rue. Si ces vers n’ont pas été composés dans ce contexte, ils nous semblent comprendre leur démarche de l’intérieur. Ici, tout commence par une marche dans la nuit. Les pas solitaires font résonner ce que l’homme a de plus profond en lui – manière de s’en remettre radicalement à l’Autre pour pouvoir ensuite contempler le monde en pleine lumière. Le poète se fait alors l’interprète d’objets courants visibles dans nos rues (vitrine, carafe, banc, miroir), d’où il fait ressortir, avec humour et gravité, les paroles ou les cris de l’humanité que nous avons en partage.


Avant de présenter l’origine, et le sens de la démarche des Exercices sprituels dans la rue, je voudrais vous inviter à un petit exercice.

Un petit exercice pour démarrer

D’abord, je vous invite à ôter vos chaussures et à poser la plante des pieds bien au sol pour sentir la réalité du lieu sur lequel vous vous tenez.
Vous pouvez maintenant faire remonter à votre mémoire et vous représenter un immeuble que vous connaissez bien. En usant de votre faculté d’imaginer, observez la façade, sa forme, ses couleurs. Pour les uns, cet immeuble sera très élevé, pour d’autres un peu plus large. Regardez les fondations bien ancrées dans la terre, les derniers étages qui jouent avec le ciel. Comptez ensuite le nombre d’étages et demandez-vous combien cela représente d’appartements.
En regardant d’un peu plus près, vous repérez des balcons. Sur l’un d’entre eux, une personne étend du linge ; sur un autre, une plante verte est chahutée par le vent. Un petit enfant joue sur le troisième.
Je peux alors imaginer l’intérieur de ces appartements. Les uns en bon état, d’autres où je ne souhaiterais pas vivre. Dans celui-ci vit un homme seul, dans cet autre un jeune couple. Juste en dessous, une famille de cinq enfants occupe un trois pièces.
Tout cela vous éveille, vous fait prendre conscience de la vie qui se déploie derrière cette façade de pierre. Laissez alors monter en vous ce qui vous habite, vous touche, vous interroge lorsque vous considérez la vie de toutes c...
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