Depuis un moment, j'écoute sans rien dire ce que m'apporte ce jour-là une personne que je reçois en accompagnement mensuel. Elle me dit ce qui la « travaille » intérieurement, cherchant les mots les plus justes pour s'exprimer avec précision, sans y parvenir autant qu'elle le voudrait. Tout en parlant, elle me regarde, dans l'attente d'une réaction pour l'aider, confirmer ou éclairer ce qu'elle s'efforce de dire. Elle attend de ma part une parole en retour de la sienne, pas seulement un silence bienveillant, complice ou réprobateur. Je ne cherche pourtant pas quelque chose à dire. Je continue d'écouter tranquillement, sans même m'inquiéter de comprendre exactement ce qu'elle dit, mais en étant attentif au rythme et à la tonalité de ses propos, à leur climat, à la « musique » qui s'en dégage... Et, soudain, me vient à l'esprit un verset d'un psaume. Tout en continuant d'écouter, je le laisse prendre consistance en moi, sans m'en emparer. Et quand la personne se tait, dans le silence qui s'installe entre nous deux, je le propose comme une résonance à ce que j'ai entendu : « Vous savez, quand vous avez dit telle chose tout à l'heure, cela m'a fait penser à ce verset d'un psaume. – Ah oui ? Et pourquoi ? – Je ne sais pas. Voulez-vous qu'on le regarde ensemble ? – Je veux bien ! » Et de chercher le psaume en question... Il arrive ainsi que l'Écriture ouvre une piste à suivre pour aller plus loin, devenant le support d'un échange approfondi, d'une relecture personnelle ou d'une proposition pour un temps d'oraison.

Écritures saintes et Parole

Ce que je viens d'évoquer du surgissement de l'Écriture lors d'une rencontre d'accompagnement mensuel peut évidemment arriver aussi dans le déroulement d'une retraite avec un accompagnement quotidien. D'autant plus que, dans une telle retraite selon les Exercices spirituels de saint Ignace, le parcours de chaque retraitant s'élabore en grande partie à la faveur de sa rencontre personnelle avec Dieu sur les chemins ouverts en lui par la méditation des Écritures et la contemplation