Les distractions arrivent à l'improviste, elles s'imposent à nous avec force, parfois même avec violence, et nous emmènent ailleurs que là où nous souhaiterions aller. Bref, elles perturbent notre prière et nous les considérons souvent comme des intruses. Qu'en faire ? Comment en tirer le meilleur parti possible ? Que nous disent-elles sur nous-mêmes et sur Dieu ?

 

"Quand tu pries..." 

Dans le Sermon sur la montagne, Jésus nous enseigne la manière de prier : nous retirer dans la chambre la plus retirée, verrouiller la porte et nous adresser à Dieu notre Père qui est là dans le secret. Cela est plus complqiué qu'il n'y paraît car nous vivons le plus souvent dans le bruit et le stress, entourés d'images et de publicités, de bips sonores divers, de sollicitations multiples. Pas étonnant que d'innombrables pensées traversent notre esprit quand nous le mettons au repos. Faire silence, rentrer en soi est un véritable exercice à travers lequel nous prenons conscience de tout ce qui nous habite à notre insu. 

"Représentez-vous le Seigneur lui-même auprès de vous, et considérez avec quel amour et quelle humilité, il vous instruit ; et croyez-moi, autant que vous le pouvez, ne vous écartez jamais d'un si bon ami... Vous qui avez des difficultés à fixer vos pensées sans vous laisser distraire, voilà l'habitude que vous devez prendre, prenez-la !" (Thérèse d'Avila, Le chemin de perfection, XXVI, 2)

 

Des distractions de toutes sortes

Les distractions proviennent parfois du texte que nous méditons ou de nos existences. Elles peuvent être légères et disparaître vite sans nous troubler : une recette de cuisine, une facture à payer, un coup de téléphone à passer ou une invitation à faire. Elles peuvent être tenaces et revenir avec insistance : un souci, un visage, une préoccupation, un fardeau, une nouvelle attendue, des fantasmes... Il arrive que nous les cultivions et y trouvions notre plaisir. Elles disent alors la nostalgie d'un ailleurs, un désir d'évasion. Mettant à mal notre recherche de perfection ou de prière idéale, elles nous invitent à la pauvreté intérieure et à l'humilité. Nous découvrons ainsi que la prière n'est pas seulement au bout de nos efforts. Si elle requiert notre participation, elle est d'abord un don du Seigneur.

"L'Esprit vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut, mais l'Esprit lui-même intercède pour nous, en gémissements inexprimables, et celui qui scrute les coeurs sait quelle est l'intention de l'Esprit : c'est selon Dieu en effet que l'Esprit intercède pour les saints." (Lettre de saint Paul aux Romains 8, 26-27)

 

→ Concrètement, comment procéder ?

Nul n'échappe aux distractions dans la prière, elles font tout simplement partie de l'expérience spirituelle. Ce n'est pas une question de tempérament plus ou moins distrait. Selon les périodes de sa vie, chacun les affronte plus ou moins bien. Voici trois manières de procéder.

 

⋅ Faire de nos distractions une prière 

"Rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur." (Romains 8, 39)

La première chose à faire est de reconnaître les distractions qui nous taraudent, de les nommer et de regarder de quel type elles sont : légères ou tenances. Les ayant reconnues, il est possible de parler à Dieu de cette distraction, de faire de cette distraction une prière dans une attitude d'offrande. Ce faisant, en l'abandonnant à Dieu et de le servir. Revenir à l'offrande de soi est aussi un bon chemin : "Que tout ce que j'entreprends, pense et accomplis soit purement orienté vers la louange et le service du Seigneur."

 

⋅ Discerner ce qu'elles cachent

"Il faut faire grande attention au déroulement de nos pensées... Si le déroulement de nos pensées nous amène à quelque chose de distrayant..., c'est un signe clair qu'il procède du mauvais esprit." (Exercices spirituels, n° 333)

Les distractions nous enseignent sur nous-mêmes et sur Dieu. Si une pensée nous revient sans cesse à l'esprit et nous encombre, il convient de regarder qui nous l'inspire. Est-ce un point qu'il faudrait davantage prendre en considération ? Est-ce une tentation inspirée par le malin et qui est à écarter ? Est-ce une peur de laisser le silence venir dans la prière ? Est-ce une trop grande fatigue ? Prêter attention à toutes ces situations nous ancre dans le réel et nous invite à mettre davantage notre confiance en Dieu.

 

⋅ En parler à quelqu'un

"Quand on découvre à un bon confesseur oou à une personne spirituelle les astuces et les insinuations de l'ennemi de la nature humaine, il est très dépité." (Exercices spirituels, n° 326)

Ave un peu d'habitude, nous faisons bien la différence entre les distractions passagères que nous pouvons traiter avec humour et humilité et celles qui révèlent quelque chose de plus profond. La seule manière de faire face est de pouvoir en parler avec une personne qui nous accompagne spirituellement ou à un prêtre que nous connaissons ou encore à quelqu'un en qui nous avons confiance et dont nous pensons que le jugement est sûr. Leur conseil sera précieux et permettra de prendre le recul nécessaire en remettant les choses à leur juste place.

 

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