Il est naturel qu'un thème tel que la « providence de Dieu » ait beaucoup à puiser dans le corpus biblique. Voilà un livre qui se présente comme la parole de Dieu adressée à l'homme sur une immense durée, partant de la création du monde pour aboutir à l'Incarnation : « Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route » (Ps 119 [118], 105). Mais cette introduction ne doit pas déboucher sur une pratique fondamentaliste de l'Écriture, ni passer sous silence les limites de la Bible pour éclairer la route de l'homme moderne. De plus, elle n'est pas un livre monolithique : sur la question de la providence, des réponses diverses sont données qui, chacune à sa façon, peuvent rejoindre les situations variées de l'homme d'aujourd'hui. Dieu parle et l'homme mis en situation d'écoute trouve de quoi inspirer sa conduite, donner sens à son existence dans ce qu'elle a de lumineux, mais aussi dans les passages nocturnes qu'il traverse.
Nos développements ne prétendent aucunement à l'exhaustivité. D'abord, nous ne dirons rien du Nouveau Testament, faute de place et aussi parce que nous pensons que les éclairages sur la providence dans les Écritures judaïques gardent leur valeur avec l'Incarnation. De plus, il aurait fallu un autre chapitre pour souligner le rôle spécifique des Écritures et du Christ dans le décryptage de la conduite de l'homme. Enfin, nous serons quasi silencieux sur les écrits de sagesse. […]
La présence de Dieu à l'homme se manifeste de façons très diverses dans la Bible, bien que celle-ci se présente en même temps comme un livre à l'intrigue cohérente et signifiante. Quitte à simplifier, je me risque à isoler différents modes de manifestation de Dieu, et donc de lecture de la conduite des événements par Dieu.
Les onze premiers chapitres de la Genèse situent le rapport de l'homme et de la femme au Dieu créateur. Avant même de les entendre comme des relectures marquées par l'expérience du salut, notons qu'ils affirment que l'aventure de cette relation est source de sens. On l'a beaucoup répété ces derniers temps : la croix n'épuise pas le rapport de l'homme au réel. Raconter Dieu créateur face à la création et, de façon privilégiée, face à
