Combien nous sommes vils et mesquins ! Pendant la guerre, nous vivions l'instant présent, le seul à notre portée, parce que nous étions continuellement et consciemment devant la mort. Tout devait s'écarter pour laisser la place à Dieu. Ainsi avons-nous appris à vivre de manière chrétienne. Alors pourquoi ne pas vivre toujours ainsi ? Il est hors de doute qu'une bonne dose de crainte — le début de la sagesse — a été à l'origine de notre Mouvement. Aujourd'hui (...), ce qui nous pousse à vivre l'instant, comme si c'était le dernier, doit être l'amour seul. Dans son infinie bonté, Dieu a éloigné le danger de mort, encore que l'on ne sait jamais... Je vivrai aujourd'hui dans la plénitude le moment qui m'est donné comme si je devais mourir tout de suite après. Et je m'efforcerai de le faire pour te montrer, Seigneur, que je t'aime » 1.
Ce passage du journal de Chiara Lubich, daté du 7 octobre 1965, souligne deux aspects de l'« instant présent » dans la vie spirituelle de la fondatrice et présidente du Mouvement des Focolari : d'une part, son rôle historique dans la naissance du Mouvement ; d'autre part, sa place centrale dans la spiritualité de l'unité de Chiara Lubich. Nous examinerons ces deux aspects pour ensuite considérer le rôle que joue le « moment présent » dans l'engagement social et politique de ceux qui vivent la « spiritualité de l'unité ».

L'Evangile traduit en vie


La fondatrice des Focolari se réfère à la situation de sa ville natale, Trente, en 1944, soumise alors à d'intenses bombardements alliés. Plusieurs fois par jour, Chiara et ses premières compagnes sont contraintes de courir se réfugier dans les abris antiaériens. La vie ne rient qu'à un fil. Impossible d'envisager le lendemain, de faire des projets d'avenir :

« Nous ne pouvions rien emporter, pendant ces courses folles, de jour comme de nuit, pour nous mettre à l'abri des bombes, sinon un petit Evangile. Au cours des longues heures d'attente, nous le lisions. Ces paroles étaient uniques, universelles, faites pour tous. Nous avons tout de suite compris que, si nous les traduisions en vie, elles susciteraient une révolution. Nous les lisions, nous les vivions ; le monde en nous et autour de nous changeait. »

Dans ces rencontres directes avec la parole de Dieu, plusieurs grands thèmes de la spiritualité de l'unité commençaient à se dessiner :

« Tout l'Evangile nous fascinait, et nous avons été frappées par certaines paroles de Jésus et par les réalités qui soulignaient l'amour : aimer Dieu ; aimer le prochain ; nous aimer les uns les autres ; avoir la présence spirituelle du Christ parmi nous, comme il l'a promise là où deux ou trois s'unissent en son nom (cf. Mt 18,20), c'est-à-dire dans son amour ; suivre l'Amour où il est davantage exprimé, c'est-à-dire en Jésus crucifié ; réaliser l'unité, effet de l'amour réciproque, non seulement avec ceux qui sont à la tête de l'Eglise, mais avec tous — "que tous soient un" (Jn 17,21) —, cette unité que les chrétiens sont appelés à vivre sur le modèle de la Trinité » 2.

Dès l'origine du Mouvement, le « moment présent » se révèle donc comme la condition intérieure pour que se manifeste la nouvelle spiritualité chez Chiara et ses compagnes. Spiritualité non pas du moment présent (elle ne saurait se réduire à cela) mais demandant à être vécue dans le moment présent.

Le temps spécifique du chrétien


Par la suite, la fondatrice des Focolari ne perd jamais de vue l'importance du moment présent, auquel elle consacre régulièrement de nombreuses réflexions qui lui viennent parfois des circonstances de la vie, comme la mort accidentelle de certains de ses compagnons. C'est le cas d'une jeune focolarine :

« Aracceli s'était épanouie au cours de la dernière année d'une façon toute particulière. Elle avait imprégné son humanité de surnaturel, et le surnaturel était devenu comme naturel chez elle. Aussi était-elle pour les autres à la fois soeur, mère et amie. Cette évolution rapide, cette course, précédée d'entraînements répétés, avait commencé le jour où elle avait compris une vérité : Dieu, il faut l'aimer de tout son coeur dans l'instant présent de la vie (...) Elle savait que, pour atteindre un tel but, il lui fallait perdre non seulement sa propre mauvaise volonté, mais aussi tout ce qu'elle pouvait posséder de beau, de bon et de saint dans le présent, si ce n'était pas voulu par Dieu pour elle (...) Pour aimer Dieu, il faut faire sa volonté. Or sa volonté se présente à nous instant après instant » 3.

Dès le début, le « moment présent » apparaît particulièrement lié à la décision d'accomplir exclusivement la volonté de Dieu. La formule « accomplir la volonté de Dieu dans le présent, en mortifiant la nôtre » contient, selon Chiara Lubich, « tout notre idéal » :

« J'ai vu, en effet, que si nous faisons nôtre la volonté de Dieu dans le présent en anéantissant la nôtre, nous croyons à l'amour de Dieu (..-), car, en vivant de cette façon, nous aimons le prochain comme nous le devons, l'amour réciproque est vivant, la lumière du Ressuscité resplendit au milieu de nous. l'ai vu que nous étreignons Jésus abandonné constamment quand nous faisons nôtres les souffrances du présent, nous utilisons les grâces que l'eucharistie nous apporte, nous vivons Marie ( ..) Je me suis rendu compte que nous sommes Parole vivante, car Jésus, Verbe de Dieu, vit en nous ; nous écoutons mieux l'Esprit Saint dans notre coeur. Mais encore, chaque aspect de notre vie se perfectionne : nous travaillons mieux ; la lumière de l'Idéal rayonne avec davantage d'intensité de notre personne et de notre communauté ; nous prions sans cesse, parce que nous sommes unis à Dieu, et nos prières y gagnent ; nous faisons davantage attention à la santé et au repos, à l'harmonie de la maison que nous habitons , les études prennent leur place, et nous entretenons, avec plus d'amour, notre communion avec tous » 4

Non seulement les aspects spécifiques de la spiritualité de l'unité sont vécus à travers le moment présent, mais celui-ci ouvre à la réalisation concrète des messages fondamentaux de l'Evangile ainsi qu'à la pratique de toutes les vertus chrétiennes et civiles :

« Si l'Ecriture enseigne à bien faire les petites choses, c'est vraiment la caractéristique de celui qui, de tout coeur, ne fait rien d'autre que ce que Dieu lui demande dans le présent. Quand nous vivons le présent. Dieu habite en nous, et si Dieu est en nous, en nous demeure la charité. Celui qui vit le présent est patient persévérant, doux, pauvre de tout pur et miséricordieux, car il possède l'amour dans son expression la plus élevée et la plus authentique II aime véritablement Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de toutes ses forces ; il est éclairé intérieurement guidé par l'Esprit Saint ; il ne juge donc pas, il ne pense pas du mal des autres, il aime le prochain comme soi-même, il a la force de la folie évangélique pour "tendre l'autre joue", "faire deux mille...". Il se trouve souvent dans la situation de "rendre à César ce qui est à César", car, en de nombreux moments, il lui faudra vivre sa vie de citoyen... Et ainsi de suite. Bref ! si celui qui vit le présent est sur le Chemin et dans la Vie, il est aussi dans le Christ Vérité Cela comble l'âme, qui toujours aspire à tout posséder en chaque instant de son existence » 5.

L'aspiration à « tout » posséder dans l'instant présent révèle, selon l'auteur, la dynamique caractéristique de la vie chrétienne :

« Si, sans cesse dans l'instant présent, nous sommes amour, alors nous ne sommes rien pour nous-mêmes. Et vivant notre néant, nous affirmons par notre vie que Dieu est supérieur, qu'il est Tout. En même temps, du fait qu'en étant amour nous ne sommes rien dans le présent Dieu nous fait tout de suite participants de lui. Nous ne sommes alors vraiment "rien" par nous-mêmes et "tout" grâce à lui » 6.

Le temps présent pourrions-nous dire à la lumière de ces considérations, est le temps spécifique du chrétien.
 
 

Avec Jésus abandonné


En outre, au cours de l'histoire des Focolari, la recherche de la volonté de Dieu dans les diverses circonstances du moment présent a permis au Mouvement d'ouvrir le dialogue à l'intérieur de l'Eglise catholique, puis avec les autres dénominations chrétiennes, ainsi qu'avec les grandes religions, dialogue qui s'est révélé par la suite une des composantes essentielles de sa physionomie.
Au moment présent est liée, en particulier, la vie d'une réalité qui, avec l'unité, peut être considérée comme le centre de la spiritualité des Focolari : Jésus abandonné. Dans les statuts du Mouvement, on lit que, dans leur engagement à réaliser l'unité, ses membres « aiment avec une prédilection particulière Jésus crucifié et cherchent à le vivre en eux-mêmes. Au sommet de sa passion, en effet, il a crié : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" (Me 15,34 ; Mt 27,46), se faisant ainsi artisan et chemin de l'unité des hommes avec Dieu et entre eux. L'amour pour Jésus crucifié et abandonné — divin modèle de ceux qui désirent coopérer à l'unité des hommes avec Dieu et entre eux — conduit les personnes qui font partie de l'Oeuvre au détachement extérieur et surtout intérieur nécessaire pour réaliser toute unité surnaturelle » 7.
Au cours de l'été 1949, Chiara et les premières focolarines vivent une période intense de lumière, pendant laquelle Dieu leur fait entrevoir le dessein qu'il a sur le Mouvement. Le « retour sur terre », après cette extraordinaire expérience, se présente comme une séparation douloureuse. C'est à cette occasion que la fondatrice des Focolari rédige ce que l'on peut considérer comme son programme de vie :

« J'ai un seul époux sur la terre : Jésus abandonné. Je n'ai pas d'autre Dieu que lui. En lui tout le paradis avec la Trinité, la terre entière avec l'humanité.
Désormais, ce qui est sien est mien et rien d'autre.
Et sienne est la souffrance universelle, qui est donc mienne.
J'irai par le monde en le cherchant à chaque instant de ma vie.
Ce qui me fait mal est à moi.
A moi la souffrance qui me touche dans l'instant. A moi la souffrance de ceux que je côtoie : c'est ce Jésus-là qui est mien. A moi tout ce qui n'est pas paix, joie, ce qui n'est pas beau, aimable, serein..., en un mot, tout ce qui n'est pas paradis. Car moi aussi, j'ai mon paradis, mais il est dans le coeur de mon époux. Je n'en connais pas d'autre. Ainsi, pour les années qui me restent : assoiffée de souffrances, d'angoisses, de désespoir, de tristesse, d'arrachements, d'exils, d'abandons, de déchirements..., de tout ce qui est lui et lui est le Péché, l'Enfer.
Ainsi, je sécherai les larmes de ceux qui sont dans les tribulations près de moi et soulagerai ceux qui sont loin aussi, par la communion avec mon époux tout-puissant.
Je passerai comme le Feu qui consume ce qui est corruptible et laisse debout la vérité seule.
Mais il faut être comme lui, être lui dans l'instant présent de ma vie » 8.

En Jésus abandonné, l'histoire n'est plus séparée de Dieu : chaque difficulté, chaque réalité, même la plus déchirante, la plus inhumaine, lui appartient. En vivant dans le présent de l'histoire, nous ne nous détachons pas de Dieu, mais, dans l'abandon que vivent les hommes, nous l'épousons et réalisons notre propre vocation d'union à Dieu. Nous nous laissons entraîner au coeur de l'humanité et de l'engagement que demande l'amour envers Jésus abandonné. A travers Jésus abandonné, l'instant présent s'ouvre sur l'éternité, et l'histoire des hommes, ce que nous faisons et pensons, acquiert la consistance même de la vie divine :

« Nous le savons : plongés dans la volonté de Dieu du moment présent, unique volonté de Dieu, différente pour chacun, nous devenons tous volonté de Dieu. Et comme volonté de Dieu et Dieu coïncident, nous vivons notre être-Dieu-par-participation. Ainsi, nous sommes unis à lui et entre nous » 9.
 
Ainsi s'explique une des plus célèbres définitions données par la fondatrice des Focolari à ceux qui suivent sa spiritualité : « contemplatifs au milieu du monde ».


La clé de l'engagement historique


L'instant présent, dans la spiritualité de l'unité, est aussi la clé de l'engagement historique :

« On a parfois l'impression que les chrétiens, tout en vivant leur foi avec cohérence en vue de la vie future, mènent dans l'attente de la mort une existence qui manque d'engagement dans les réalités de la terre, dans les soucis de ce monde, lesquels signifient bien souvent le bien de l'humanité. La réalité est que, si nous vivons avec la conscience que nous ne connaissons "ni le jour ni l'heure", nous nous concentrons plus facilement sur l'aujourd'hui qui nous est donné, sur le labeur du jour, sur le présent que la providence de Dieu nous donne de vivre. Et, dans cet instant, nous accueillons et vivons, de tout notre être, les joies et les souffrances, les peines et les résultats. Voilà de quelle façon on peut réellement vivre sur terre » 10.

L'engagement dans les diverses tâches liées à l'état de vie et l'engagement dans la société n'apparaissent pas, de cette façon, comme une diminution spirituelle par rapport aux moments de prière ou de participation aux sacrements :

« Vivre le présent est une idée et une méthode fructueuses. Vivre le présent greffe, dès maintenant notre vie terrestre sur la vie éternelle (...) Et, pour nous chrétiens qui vivons dans le monde, elle est sans doute le seul moyen de devenir saints. C'est donc une nécessité. Se recueillir dans la volonté de Dieu du présent, attentif à la voix de Dieu, prêt à accomplir ce qu'il désire, c'est avoir la possibilité, comme les moines, d'obéir toujours à Dieu en un supérieur, d'être protégé par les murailles d'un monastère divin, d'être guidé par la "cloche intérieure" silencieuse et divine, pour entreprendre des activités toujours nouvelles dans l'unique volonté de Dieu sur nous » 11.

Pour atteindre la perfection spirituelle, il n'est donc plus nécessaire de s'isoler, de se couper du monde, même si Dieu continue à appeler des hommes et des femmes à cette vocation privilégiée. D'autres, en effet sont appelés à la sainteté, à la même perfection spirituelle, en agissant dans le monde. Dans une interview à la télévision française, à Noël 1976, Chiara Lubich affirmait : « La volonté de Dieu dans le moment présent est le billet d'entrée des masses à la sainteté. C'est ce que Dieu demande, ce que souhaite le Concile pour le peuple de Dieu. » La perspective de l'engagement historique est donc présente dès le début du Mouvement. Un signe en est l'expérience de la première communauté focolarine pendant la deuxième guerre mondiale quand, répondant à la manifestation de Dieu Amour, elle s'engage immédiatement en faveur de l'homme :

« Dieu même nous avait suggéré dans l'Evangile que, pour répondre à son Amour, il nous fallait nous engager à nous aimer les unes les autres, puis à apporter cet amour à tous. Cet amour évangélique n'est pas seulement un sentiment humain, car il est enrichi d'une étincelle divine, qui a le pouvoir de déclencher la fraternité parmi les hommes, une fraternité authentique. Les pauvres eux-mêmes savaient que, s'ils pouvaient recevoir du focolare les biens que la providence de Dieu faisait arriver chez nous chaque jour et dont ils avaient besoin, ils pouvaient eux aussi faire quelque chose : dévoiler, communiquer leurs nécessités était aussi un don. Ils étaient prêts, enfin, à revenir par la suite donner le peu de chose qu'ils avaient pu gagner ou recevoir, afin de le mettre à la disposition des autres. Celui qui est dans la misère peut toujours donner quelque chose, au moins un sourire. Cela ne se produisait pas seulement entre quelques personnes, mais entre les groupes. Nous avions pris pour objectif les quartiers les plus pauvres de la ville, en nous engageant à faire naître, là aussi, l'amour évangélique.
En même temps, nous subvenions aux besoins des indigents, avec l'aide de ceux qui étaient dans une meilleure situation. Nous espérions ainsi réaliser dans la ville l'égalité dans la fraternité. Une telle aventure fut appréciée par les hommes politiques de la ville et suscita un désir d'émulation sur un plan plus vaste. L'amour réciproque créait de cette façon non pas un cercle vicieux, mais un cercle vertueux qui rétablissait la confiance, redonnait espoir et recréait les liens personnels et civils mis à mal par la guerre. Dans l'absence de lois que la guerre avait provoquée, nous sommes repartis de l'amour, la loi entre toutes, valeur suprême, principe et synthèse de toutes les valeurs : un amour qui a su reconstruire la communauté, un amour qui a réalisé entre les citoyens l'unité, qui est le fondement essentiel de toute communauté » 12.
 

Dans le champ public


La petite communauté de Trente n'avait aucun programme de réforme sociale ou politique. Chacun de ses membres ne songeait qu'à vivre de manière radicale la parole de Dieu. Cette communauté possédait pour seule loi l'Evangile, mais, de ce fait même, elle contenait déjà la semence d'une doctrine sociale, économique et politique, fondée sur l'Evangile, comme les derniers développements du Mouvement le confirment.
Au cours des cinquante dernières années, en effet, non seulement le nombre des membres des Focolari s'est multiplié, mais la spiritualité de l'unité et les idées qu'elle inspire se sont répandues dans l'Eglise et dans bon nombre de secteurs de la société, au point de donner naissance à de nouveaux Mouvements. Les plus avancés sont actuellement le « Mouvement économique » qui promeut, entre autres choses, un projet d'« économie de Communion » concernant plus de sept cents entreprises dans le monde, ainsi que le « Mouvement de l'unité » qui rassemble des hommes politiques, des fonctionnaires, chercheurs et citoyens de nombreux pays désirant appliquer en politique l'idéal de l'unité.
Du reste, dès les premières années, il existait dans le Mouvement un fort intérêt pour l'engagement public, sans doute en partie à cause de la présence en son sein de personnes engagées dans le domaine politique. Le premier d'entre eux, Igino Giordani, alors député, est considéré par Chiara Lubich comme le cofondateur des Focolari. Gagné à la spiritualité de Chiara, il avait attiré à lui un petit groupe de députés tous décidés à vivre l'idéal de l'unité au Parlement :

« Tel était le but de notre "cellule parlementaire". De 1950 à aujourd'hui, ses membres se sont succédé — ils appartenaient même à divers partis —, mais le but n'a pas varié : rendre Jésus présent au Parlement, car notre unité le permet. Une autre présence remarquable a souligné le sens politique que pouvait avoir notre Mouvement. Il s'agit d'Alcide De Gasperi, Trentin comme les premières et les premiers focolarini. Il était très proche de notre Mouvement. La spiritualité de l'unité, qu'il a connue de près, l'attirait et renforçait en lui la vocation à l'unité qui a fait de lui un des fondateurs de l'Europe unie, avec Adenauer et Schumann. Au cours des dernières années de sa vie, comme on le comprend en voyant un documentaire à son sujet, toutes ses pensées s'orientaient vers la parole de Jésus : "Que tous soient un", Jésus, qu'il a invoqué trois fois avant de mourir » 13.

Il est intéressant de souligner, pour confirmer la perspective ouverte par Chiara Lubich, qu'une cause de béatification vient d'être ouverte en faveur de Giordani. Il est possible, en effet, de devenir saint non pas malgré mais à cause de la politique. Le moment présent, tel qu'il est vécu dans la spiritualité de l'unité, est la porte qui ouvre à la plénitude de la vie spirituelle dans l'engagement historique du chrétien.
 

1. Journal 64/65, Nouvelle Cité, 1972, pp 75-76
2. Nuova Umamtà, XVIH (1996) 3-4, p. 316.
3. Nouvelle Cité, n° 114, janvier 1971, pp 1-2
4. « Rimaniamo neila volontà di Dio », Mollens, 8 septembre 1988
5. « In Cnsto venta », Scrtttt Spintuali/2, Città Nuova Editrice, 1997, p 93
6. La Vie est un voyage, Nouvelle Cité, 1972, p 71
7. Statuts généraux de l'OEuvre de Marie, Nouvelle Cité, 1995, pp 13-14 « OEuvre de Marie » et « Mouvement des Focolari » sont synonymes.
8. Le Cn, Nouvelle Cité, 2000, pp. 66-67
9. Pourquoi m'as-tu abandonné î Nouvelle Cité, 1985, p. 28
10. « Sohdah con tutu », Scntti Spintuali/2, p 189
11. Nouvelle Cité, n" 114, p 2
12. Nuova Umamtà, XXIII (2001/2) 134, pp 214-215.
13. Nuova Umamtà, XXII (2000/5) 131, p 606.