On sait l’importance et le rôle pastoral et spirituel que joua Jean Gerson (1363-1429), théologien réputé et théoricien décisif de l’expérience mystique, dans une chrétienté déchirée par le Grand Schisme et angoissée par les désastres de la peste et de la guerre. Jean Geiler est l’un de ses disciples, solidement ancré en terre alsacienne, qui nous révèle ainsi une autre sensibilité spirituelle dans un espace qu’on aurait pu croire voué au seul vertige du mysticisme eckhartien, adapté aux besoins des fidèles par le Strasbourgeois Jean Tauler.
Ce Manuel prépare les fidèles au Jubilé de 1500, où apparaît un dispositif pénitentiel faisant appel aux indulgences, susceptible d’apaiser leur angoisse d’être sauvés. Geiler (qui meurt en 1510) n’est pas Luther, néanmoins il met en garde son auditoire contre l’illusion d’une automaticité des procédures religieuses. En revanche, il préconise un christianisme exigeant et sincère, sans excès d’ascétisme performant, évacuant la facilité paresseuse des fausses excuses qui préservent la vie confortable et la prospérité des bonnes affaires : acquitter son écot sonnant et trébuchant ne suffit pas, le corps doit participer au destin spirituel par la fatigue qu’il endurera. Le prédicateur use jusqu’à la corde des procédés de l’allégorie pour faire parler le moindre détail de la pérégrination, voire de la panoplie du pèlerin.
Au-delà de l’information historique, le chrétien d’aujourd’hui pourra tirer profit de ces prédications en interrogeant et revivifiant sa propre pratique pèlerine : il transposera sans peine les exhortations et judicieuses remarques, toujours positives sinon optimistes, de ce pasteur proche de ses ouailles et préoccupé de leur progrès intérieur.
F.M
Ce Manuel prépare les fidèles au Jubilé de 1500, où apparaît un dispositif pénitentiel faisant appel aux indulgences, susceptible d’apaiser leur angoisse d’être sauvés. Geiler (qui meurt en 1510) n’est pas Luther, néanmoins il met en garde son auditoire contre l’illusion d’une automaticité des procédures religieuses. En revanche, il préconise un christianisme exigeant et sincère, sans excès d’ascétisme performant, évacuant la facilité paresseuse des fausses excuses qui préservent la vie confortable et la prospérité des bonnes affaires : acquitter son écot sonnant et trébuchant ne suffit pas, le corps doit participer au destin spirituel par la fatigue qu’il endurera. Le prédicateur use jusqu’à la corde des procédés de l’allégorie pour faire parler le moindre détail de la pérégrination, voire de la panoplie du pèlerin.
Au-delà de l’information historique, le chrétien d’aujourd’hui pourra tirer profit de ces prédications en interrogeant et revivifiant sa propre pratique pèlerine : il transposera sans peine les exhortations et judicieuses remarques, toujours positives sinon optimistes, de ce pasteur proche de ses ouailles et préoccupé de leur progrès intérieur.
F.M