L'année dernière, j'ai donné à un groupe d'étudiants et d'universitaires catholiques une série de trois conférences sur l'Église qui discerne. Le premier soir, j'ai parlé de l'exhortation du pape François, Amoris lætitia (La joie de l'amour), en raison de son thème : le discernement. Ce document avait suivi deux synodes d'évêques qui avaient abordé la crise contemporaine de la famille. Une question particulièrement difficile, soulevée dès le départ, qui avait reçu beaucoup d'attention de la part des médias, concernait l'accès à la communion pour les divorcés remariés.
Plutôt que de proposer une norme universelle ou canonique, les évêques et le pape François ont trouvé un moyen pour avancer sur cette question dans la pratique du discernement.
Étant donné la diversité des situations, l'application d'un ensemble de règles sans discernement ne suffit pas pour trouver ce que Dieu demande, ici et maintenant, à une personne : seul un « discernement attentif aux situations particulières » peut y aider1. Motivés par la miséricorde, les pasteurs doivent donc apprendre à accompagner les personnes et exercer un discernement pastoral qui vise à intégrer plus profondément les personnes dans la vie de l'Église2. De plus, les pasteurs sont appelés à « former les consciences, et non à les remplacer », car les croyants « sont capables de mener à bien leur propre discernement dans des situations complexes »3. Ce que le pape François préconise dans son exhortation sur la famille, c'est une formation au discernement, tant pour les pasteurs que pour les laïcs.
J'ai été quelque peu déconcerté par la réaction de l'auditoire auquel je m'adressais. En tant que théologien moraliste jésuite, je n'ai pas l'habitude d'être accusé d'hétérodoxie pour avoir défendu ce que dit le pape. « L'Église ne fait que semer la confusion dans l'esprit des gens, s'est plainte une personne, les gens vont penser que tout est permis. » Une autre a déclaré : « C'est un désastre : c'est un renversement de la doctrine. » Un autre encore a fait appel à un théologien bien connu qui, disait-il, avait montré que le pape François conduisait les gens à l'hérésie. Certains étaient clairement en colère contre le pape, et contre moi. Pour certains, l'appel au discernement, là où il y avait un besoin perçu de clarification, était déconcertant. Ils préféraient ce qu'ils considéraient comme la clarté prophétique de saint Jean Paul II sur les questions morales et son insistance à ce que la communion ne soit pas proposée aux divorcés remariés. Certaines choses sont noires ou blanches, et il ne sert à rien de les laisser en demi-teinte.
Je suis resté après la conférence dans la salle et j'ai