Cerf, coll. « Epiphanie », 2003,92 p., 12 €.

Toujours la lancinante question : après Auschwitz, peut-on encore parier de Dieu ? Or cette question est comme redoublée à voir les violences et les terreurs de ce xxr siècle commençant...
Hélène et Jean Bastaire répondent de façon inspirée et forte par ce petit livre. Le « Dieu mendiant » : Dieu, pour son amour absolu, qui souffre infiniment de nos souffrances ; Dieu qui, pieds et poings liés, mendie humblement une libre réponse à ses dons et à ses pardons ; Dieu, prêt à toutes les relances pour nous saisir tous, au bout du compte, dans le brûlant amour. Ces relances iront bien au-delà de ce que nous imaginons être le terme de l'histoire. Nous voici en présence d'une image de Dieu encore agrandie par l'immensité sans limites de ses patiences, de ses souffrances et de ses miséricordes...
Hélène et Jean Bastaire retrouvent les thèses d'Origène sur l'apocatastase, reprises déjà, plus ou moins discrètement, par Grégoire de Nysse, Jean Climaque, Isaac le Syrien, Scot Erigène. Au nom de l'amour qui n'est qu'amour, les auteurs osent s'aventurer dans ces hypothèses officiellement rejetées par notre tradition occidentale et sont conduits à voir le mystère du mal dans ses dimensions cosmiques. Ainsi font-ils preuve d'un sens aigu de la merveilleuse et terrible liberté humaine, ainsi que de ses interactions avec la liberté angélique et celle de Dieu, souffrant à l'extrême au creux de cette aventure qu'il a susdtée, jusqu'à amener tout et tous dans la gloire.