Être père ne va pas de soi. On le devient au fil du temps, et c'est un don. Un don de la femme qui reconnaît l'homme comme père, un don de l'enfant qui reconnaît son père dans cet homme. Don parfois difficile, voire impossible, à offrir ou à accueillir, car la relation d'engendrement concerne le père, la mère et l'enfant. Et il y a aussi des pères spirituels et adoptifs qui, sans passer par la chair, révèlent le sens de la paternité. Et des pères indignes, sans parole, qui tuent la vie. De cette constellation de figures paternelles, le cinéma joue avec plus ou moins de bonheur et de lucidité.
Chacun croit savoir ce qu'est le père, puisqu'il en a un, même sans le connaître. Mais père, mère et enfant doivent passer par la reconnaissance. De même que le père reconnaît l'enfant, l'enfant et la mère doivent reconnaître le père. Reconnaissance qui, beaucoup plus qu'une démarche d'identité, est une affaire de cœur, de remerciement, de foi.
Le père transmet la vie, il n'en est pas le maître. Il indique l'origine, mais il ne l'est pas. L'exemple d'Abraham est fondateur. Pour être « père d'une multitude », il dut passer par le sacrifice de son propre cœur, et non du corps de son fils Isaac. À l’opposé, Staline n'est le « petit père du peuple » que pour mieux assouvir son orgueil sanguinaire. Le père éduque et élève. Il enracine dans la Loi pour parler, aimer, vivre en homme ; ne pas s'y soumettre, c'est laisser le mensonge détruire l'humanité.
La célèbre trilogie de Pagnol : Marius (Alexander Korda, 1931), Fanny (Marc Allégret, 1932) et César (Marcel Pagnol, 1936), présente cela avec humour et sagesse. Marius, père sans le vouloir et sans le savoir, le deviendra après la mort du père adoptif. Quand il apprend qu'il a un fils, à la fin de Fanny, son père, César, dit ce qu'est un père :

« César : Cet enfant, quand il est venu au monde, il pesait