Texte

Parution initiale dans Christus n° 63 (juillet 1969).

Chacun veut être heureux et content, même dès cette vie. C'est là le but de tous nos désirs. Pour y parvenir, on prend deux chemins tout opposés : les uns tiennent celui de la multiplicité, en amassant le plus qu'ils peuvent ; les autres celui de la simplicité, en retranchant tout. Ainsi les uns désirent des biens, des honneurs, des plaisirs, et les recherchent autant qu'il est en leur pouvoir, espérant de rendre par là leur cœur content. Les autres au contraire ne désirent rien et quittent tout comme faisaient ces anciens philosophes : un Cratès qui jeta tout son argent, un Diogène qui n'avait pour logis qu'un tonneau.

De ces deux chemins, le dernier est le plus facile et le plus court, parce qu'il dépend de nous, étant en notre pouvoir de tout quitter. Le premier est non seulement plus long, mais très difficile, et il s'y rencontre mille obstacles à nos desseins. Car ou l'on nous dispute les biens que nous voulons avoir, ou ceux de qui nous les