La vie monastique, traditionnelle ou renouvelée, peut et doit faire mémoire de ses racines afin de permettre l'irruption d'un esprit de jeunesse. Elle porte la responsabilité de transmettre cette sagesse qui est son précieux héritage.
Il semblera peut-être étrange de parler de jeunesse spirituelle à propos de la vie monastique. Dans l'imaginaire commun, celle-ci a surtout les traits de l'ancien, du vieux sage. Il semblerait donc presque impossible d'envisager l'expérience monastique comme une « vie jeune », et l'on pourrait peut-être me dire que c'est « facile » pour moi, étant donné que je vis dans une communauté relativement récente encore. L'esprit de jeunesse que la vie monastique porte en elle ne peut pourtant pas se référer uniquement à une jeunesse « anagraphique »1 des différentes communautés monastiques. En approchant l'expérience monastique avec l'attention dont nous parle Simone Weil, qui « consiste à suspendre sa pensée, à la laisser disponible, vide et pénétrable à l'objet »2, nous pourrions être surpris de découvrir qu'il est possible d'associer sans difficulté à l'adjectif « jeune » certains aspects de la nature profonde d'une expérience de vie si ancienne et divers éléments caractéristiques de la vie monastique. En ce sens, il s'agira donc d'éléments marqués par une vocation « prophétique ».
« Chaque jour, il débutait »
Il n'est pas facile, et peut-être même impossible, de définir ce qu'est le moine. Au cours de l'histoire, plusieurs définitions ont été proposées à propos de la nature du moine, qui sont sans doute toutes exactes mais jamais absolues ou définitives. L'idée s'est désormais renforcée que le moine doit être défini par ce qu'il est et non par ce qu'il fait, mais cela reste insuffisant. Si nous entrons dans n'importe quel monastère et que nous observons la vie quotidienne des moines ou des moniales, et ce qu'ils manifestent de leur vérité, nous ne pourrons définir ce qu'ils sont. La tradition