Extraits du livre de Bernard Pottier et Dominique Struyf, Psychologie et spiritualité. Enjeux pastoraux (Lessius, 2012).

Pour un psychiatre ou un psychologue, la vie spirituelle fait partie de la vie psychique : elle en constitue une partie ou un secteur, si l'on peut dire. Si l'on est un psychologue croyant, on définira la vie spirituelle comme cette part de la vie psychique qui concerne notre relation à Dieu. Si l'on ne croit pas, la vie spirituelle peut exister quand même : dans ce cas, elle concerne notre relation aux questions ultimes, aux questions qui nous dépassent (l'origine, la mort, le mal, la souffrance) et qui fondent le sens que nous donnons à notre vie. La vie spirituelle peut donc concerner, de soi, tout être humain : c'est notre point de départ.

Les quatre niveaux anthropologiques

En tant que théologien et philosophe, je définirai la différence entre la vie psychique et la vie spirituelle en faisant appel à une réflexion anthropologique globale sur ce qu'est l'homme. À cet effet, je présenterai ci-dessous un tableau qui reprend à différents auteurs la description de l'homme selon quatre niveaux anthropologiques.

Au cours de lectures psychologiques et philosophiques, qui se sont étalées sur plus d'une trentaine d'années, j'ai finalement trouvé assez souvent, chez des auteurs très éloignés les uns des autres, la mention, complète ou non, de quatre niveaux anthropologiques qui me semblent à peu près universels. J'ai souvent été étonné de les retrouver sous diverses formes et dans des contextes très différents, chez les auteurs les plus variés. Au point de départ, une citation de saint Paul dans sa première lettre aux Thessaloniciens, paraît essentielle, bien qu'elle ne présente que trois des quatre termes de notre subdivision : « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie totalement, et que votre être entier, l'esprit, l'âme et le corps, soit gardé sans reproche pour l'avènement de notre Seigneur Jésus Christ » (1 Th 5, 23). L'homme se composerait donc d'un corps, d'une âme et d'un esprit. Sur cette tripartition paulinienne, un grand théologien comme de Lubac a écrit un article qui fit date, « Anthropologie tripartite »1, dans lequel il montre, avec son sens habituel des nuances, qu'il faut l'entendre de manière souple. De plus, il ajoute une réflexion capitale qui sera le plus souvent omise dans notre réflexion psychologique présente, sans cesser de constituer cependant un horizon intéressant, surtout du point de vue de la spiritualité : de Lubac réfléchit sur la différence entre l'esprit humain et l'Esprit saint qui est Dieu ; selon lui, l'esprit humain est précisément cette faculté de l'homme en laquelle l'Esprit saint se trouve chez lui, car Dieu est le créateur de l'homme, et plus particulièrement de ses facultés les plus élevées. Par l'esprit humain, Dieu se trouve chez lui en l'homme !

Un auteur comme Origène (mort vers