Jésus face à la mort... Commençons par écarter deux fausses pistes. Il ne saurait s'agir, tout d'abord, de retracer une position de type intellectuel face à la mort en général, considérée de façon abstraite comme phénomène universel ou comme témoin inexorable de la finitude humaine. De cela, l'enseignement de Jésus ne porte aucune trace. Ce qu'il évoque maintes fois, au témoignage des récits évangéliques, c'est moins la mort en elle-même que, selon l'espérance qui l'habite, ce sur quoi elle doit déboucher. Jésus paraît en effet considérer comme allant de soi l'existence d'une vie après la mort. Etant don de Dieu, celle-ci ne peut être qu'une « vie éternelle » . « ... et, dans le monde à venir, la vie éternelle » (Me 10,30). A peine est-il fait mention (une seule fois au passage) d'une prise de position quelque peu articulée en faveur de la résurrection des morts, en réponse à des sadducéens enclins à ridiculiser cette croyance. La certitude exprimée alors par Jésus n'a rien d'abstrait, entièrement fondée qu'elle est sur la confiance en la fidélité de Dieu, « car il n'est pas un Dieu de morts mais de vivants » (12,27). Pour le reste, les réactions de Jésus sont toujours face à une mort concrète et circonstanciée, celle d'une fillette, dont le père vient implorer son secours (5,22) ; celle du fils unique d'une veuve, qui le remue au plus profond de lui-même (Le 7,13) ; celle d'un ami, qui l'émeut jusqu'aux larmes (Jn 11,35).
Il est également inutile de chercher chez Jésus des réactions de type affectif face à sa propre mort. Seuls, sans doute, dans le récit synoptique de la passion, deux passages rapportent quelque chose en ce sens : « Il commença à ressentir effroi et angoisse » ; « mon âme est triste à mort » (Me 14,33-34) ; « ainsi, vous n'avez pas pu veiller une heure avec moi ? » (Mt 26,40). Ce sont bien « les sentiments qui furent dans le Christ Jésus » qui percent ainsi dans le récit de l'agonie. De même, à l'autre extrémité du récit de la passion, l'épisode de la mort en croix rend compte, chez Marc et Matthieu, d'un sentiment tragique d'abandon, non plus seulement à l'égard des plus proches comme à Gethsémani, mais à l'égard de Dieu lui-même : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » (Me 15,34). Mais, outre le fait qu'ils portent la marque de la relecture des communautés, ces récits ne permettent guère de recueillir que des réactions isolées et ponctuelles, et non d'accéder au niveau des significations en profondeur, au sens que Jésus lui-même a pu donner à sa mort.

Une mort choisie


Aussi haut qu'on puisse remonter, il apparaît que les premières communautés chrétiennes, lorsqu'elles ont cherché à rendre compte du sens de l'expérience vécue par Jésus, ont évité de considérer sa mort de façon isolée. « Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort et la mort de la croix. C'est pourquoi Dieu l'a exalté... », proclamait, dès avant saint Paul, une vieille hymne chrétienne citée par ce dernier dans sa Lettre aux Philippiens (2,6-11). L'agrafe est donc double. D'une part, le « c'est pourquoi », reliant la mort à l'exaltation qui l'a suivie, interdit d'y voir un point final. D'autre part (et c'est l'aspect qui nous intéresse principalement ici), le « jusqu'à la mort » rattache celle-ci à l'ensemble de l'existence qui l'a précédée. Pour la toute première génération chrétienne, la mort de Jésus apparaissait donc comme le sommet d'une existence tout entière vécue dans la communion à Dieu.
Ce qui, dans les récits évangéliques, assure ainsi la connexion entre la mort de Jésus et ce qui l'a précédée, ce sont, par excellence, les trois annonces de la passion, qui, dans les trois synoptiques, scandent le récit de la montée à Jérusalem 1. Sans doute la formulation de ces trois annonces est-elle colorée par la reconnaissance pascale. Il n'en reste pas moins que, du strict point de vue de l'histoire, on s'entend généralement pour admettre que Jésus a pu prévoir, et donc annoncer l'aboutissement tragique de sa mission. Et si Jésus a pu prévoir sa mort, c'est donc qu'il l'a choisie, qu'il se l'est en quelque sorte appropriée. Pour l'éviter, il lui aurait suffi de se taire, de rentrer dans le rang, de renoncer à sa mission, éprouvée désormais comme périlleuse. Jésus a continué, choisissant de mourir s'il le fallait pour la cause qu'il servait : « Allez dire à ce renard : aujourd'hui, demain et le jour suivant, je dois poursuivre ma route, car il ne convient pas qu'un prophète périsse hors de Jérusalem. » Sans doute est-il difficile — cette réponse de Jésus aux menaces d'Hérode n'étant rapportée que chez Luc (13,32-33) — d'en démonuer la stricte authenticité, mais elle doit correspondre pour l'essentiel à ce qu'a effectivement vécu Jésus. Sa mort se distingue dès lors d'autres types de morts humaines, découlant d'accident, de maladie ou de quelque autre facteur, qu'on ne peut ni prévoir ni choisir.

Une mort dans la ligne de la vie


A défaut de paroles en ce sens remontant à coup sûr à Jésus, l'historien doit-il renoncer à saisir quelque chose de la façon dont Jésus a pu voir et vivre sa mort ? En réalité, les faits s'avèrent ici plus parlants que ne pourraient l'être les plus belles déclarations de principe. En rapprochant certaines données bien attestées, relatives à la mort de Jésus, d'autres données, parmi les plus sûres du point de vue historique, concernant l'exercice de sa mission, il est possible de voir apparaître des cohérences et des lignes de fond. Car, sa mort étant la conséquence et l'aboutissement de sa mission, Jésus a dû vivre celle-là comme il avait vécu celle-ci. Tout indique que le sens qu'il a donné à sa mort coïncide avec celui qu'il avait donné à sa vie.
Chez Luc, les axes fondamentaux de la mission de Jésus sont évoqués dès le début de son ministère à la synagogue de Nazareth (4,16- 21). C'est à travers une citation du prophète Isaïe que se trouvent ainsi identifiés, dès le point de départ, les aspects majeurs de la mission, dont l'évangile s'emploiera ensuite à décrire le déroulement. Au-delà d'un souci évident de souligner la conformité aux Ecritures, l'historien discerne dans la citation du prophète l'évocation de quatre composantes effectives du ministère de Jésus : 1. La prédication du Règne de Dieu : « L'Esprit m'a consacré pour porter la bonne nouvelle » ; 2. Le souci des pauvres : « ... pour porter la bonne nouvelle aux pauvres » ; 3. L'activité auprès des malades : « ... pour annoncer aux aveugles le retour à la vue » ; 4. L'accueil des pécheurs : « ... pour proclamer une année de grâce de la part du Seigneur. » De différentes manières, la mort de Jésus entretient des liens avec chacune de ces dimensions fondamentales de sa mission.

La mort intégrée à la proclamation du Règne


« Il se mit à leur enseigner qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup » (Me 8,31). « Il fallait » : cette formule de la première annonce de la passion exprime chez Jésus la conscience que sa mort devait trouver un sens dans le dessein de Dieu. Cette perception ne s'imposait-elle pas d'elle-même, du moment que la mort apparaissait comme l'aboutissement logique des conflits et des oppositions soulevés par l'exercice de sa mission ?
Tôt après Pâques, les premières communautés, pour rendre compte du sens de la mort de Jésus dans le dessein de Dieu, proclameront que « le Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures » (1 Co 15,3). Mais, en amont de cette signification d'ordre salvifique perçue à la lumière de la résurrection, ne dut-il pas en apparaître une autre, dans la ligne de ce qui faisait le coeur même de la mission de Jésus, à savoir la proclamation du Règne de Dieu ? C'est en effet en fonction de cette proclamation de l'intervention décisive de Dieu que la vie entière de Jésus trouvait son sens. Puisque cela le conduisait tout droit vers la mort, ne fallait-il pas comprendre que, de quelque manière, celle-ci entrerait elle aussi au service de la proclamation du Règne ? La mort elle-même ne pouvait-elle devenir partie intégrante d'une mission qui ne se réduisait pas à la pure proclamation verbale, mais qui mobilisait l'existence entière : « un prophète puissant en paroles et en oeuvres » (Le 24,19) ?

Une mort où se lit le coeur de l'Evangile


Ainsi, pour Jésus, sa mort comme sa vie serait une proclamation de la bonne nouvelle et du visage de Dieu qu'il avait prêches. Il suffit de revenir aux aspects fondamentaux de la mission dont rendait compte, en Le 4,18-19, la citation d'Isaïe : de diverses manières, la mort de Jésus entrait en consonance avec ce qu'avaient été ses attitudes et son enseignement concernant les pauvres, les malades et les pécheurs.

• Fidèle « jusqu'à la mort et la mort de la croix », Jésus est conduit à mourir comme le dernier des pauvres.
Jésus ayant choisi de s'en remettre à Dieu et de servir sa cause jusqu'à devoir affronter la peine infligée aux esclaves, la modalité même de sa mort se présenterait comme un écho de la première béatitude (Le 6,20) : les pauvres peuvent s'ouvrir à Dieu en toute confiance ; heureux sont-ils, car, loin de les exclure, le salut de Dieu leur fait une place privilégiée. Au premier rang des passages de l'Ecriture appliqués à Jésus par les récits de la passion, figureront tout naturellement des psaumes où se révèle la sollicitude de Dieu à l'égard des pauvres. Ainsi, par exemple, le psaume 22, celui qui s'ouvre par le cri pathétique : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? », souligne ensuite que Dieu « n'a point méprisé ni dédaigné la pauvreté du pauvre, mais, invoqué par lui, il l'exauça » (v. 25). « Un pauvre a crié, Dieu écoute », affirme de même le Psaume 34 (v. 7), que Jean (19,36) reliera à l'expérience du Crucifié : « Dieu garde tous ses os, pas un ne sera brisé » (v. 21) 2.

• Si l'Evangile est pour les pauvres exclus du cours dominant de la vie sociale, il l'est aussi pour les malades et les infirmes exclus du cours normal de la vie tout court.
Cela aussi, la mort de Jésus, comme sa vie, deviendrait occasion de le proclamer existentiellement. Au témoignage des quatre évangiles, une bonne part de l'activité de Jésus s'est en effet exercée en faveur de personnes éprouvées par une vie physique diminuée ou menacée. Sans doute plus d'une fois l'historien se sent-il incapable de reconstituer avec exactitude le visage concret qu'a pu prendre en telle ou telle circonstance cette composante de la mission de Jésus. Quoi qu'il en soit des détails, nul cependant ne songe à mettre en cause le fait global. Or, la mort qu'il avait indirectement choisie en optant pour la poursuite de sa mission, quel qu'en fut le prix, a amené Jésus à partager l'expérience des gens à la vie menacée, tels ces lépreux, ces aveugles et ces handicapés de toutes sortes qui, tant de fois, avaient crié vers lui et auxquels il avait manifesté, en intervenant en leur faveur, que le Règne de Dieu était aussi pour eux. « Homme de douleur, familier de la souffrance, comme quelqu'un devant qui on se voile la face » (Is 53,5), avant même les communautés, Jésus a dû rapprocher son expérience de celle du Serviteur de Yahvé et, à travers elle, de tous ceux qui, sur le point d'être « retranchés de la terre des vivants » (Is 53,8), savent malgré tout s'en remettre à Dieu.

• Restent encore les pécheurs.
Jésus avait proclamé que le Règne de Dieu était aussi pour eux, car « je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs » (Me 2,17). Troublant paradoxe : le Fils de l'homme « venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Le 19,10) devait aussi être « livré aux mains des pécheurs » (24,7). Victime du péché, de la trahison et du mensonge, de la jalousie et de la haine, Jésus maintiendrait dans sa mort l'attitude miséricordieuse qu'il disait être celle de Dieu à l'égard des pécheurs. « Comme devant les tondeurs une brebis muette, il n'ouvrait pas la bouche » (Is 53,7) : les communautés, de nouveau, trouveront là des traits du Serviteur (Ae 8,32), « lui qui, insulté, ne rendait pas l'insulte, souffrant, ne menaçait pas, mais s'en remettait à Celui qui juge avec justice » (1 P2,23).

« Si nous mourons avec lui... »


La mort, comme la vie, vécue dans l'ouverture et la confiance à Dieu. La mort, comme la vie, vécue dans l'ouverture et la solidarité aux autres. C'est d'abord par ces traits fondamentaux que la mort de Jésus a de quoi inspirer celle des croyants. Assurément, il ne s'agit pas de reproduire matériellement l'expérience de Jésus. Assez rares, en définitive, sont les personnes qui, comme lui, meurent pour une cause. Plus rares encore sont celles qui meurent pour la même cause que Jésus, à savoir le service de Dieu et des autres poussé jusqu'à ce point extrême qui expose au péril. Et, finalement, personne d'autre que Jésus ne pouvait mourir « pour nos péchés selon les Ecritures », selon la lecture que fera la foi de cette mort unique en y reconnaissant celle du Fils de Dieu.
Mais, par-delà ces différences, l'expérience de Jésus témoigne d'un climat, d'un esprit, d'une certaine façon d'assumer sa mort qui, elle, est accessible à tous ceux qui, comme lui, ont laissé entrer Dieu dans leur vie. Assez nombreuses, en effet, sont les personnes qui, comme Jésus, se trouvent confrontées à une mort inévitable, quelle qu'en soit la modalité. Assez nombreuses sont celles qui, comme Jésus, peuvent prévoir leur mort et décider de la vivre dans un climat semblable de remise de soi et d'abandon, alors même qu'à vue humaine tout semblerait absurde, compte tenu des tâches, des responsabilités ou de la mission dont on se sait investi et dans laquelle on a cru discerner le sens même de son existence.
Encore ne faut-il pas confondre ce climat avec celui de la résignation, comme a parfois tendance à le faire une certaine lecture de la mort de Jésus. Celui-ci ne s'est pas résigné devant la mort, si l'on entend par là l'action de se soumettre parce qu'on ne peut faire autrement, parce que le refus ou la révolte ne mènerait à rien. Jésus, au contraire, n'a pas subi sa mort. II l'a choisie, en choisissant de poursuivre tant qu'il le pourrait une mission exigeante, incomprise et dangereuse.
Jésus, dès lors, a-t-il couru après la mort ? Non pas. S'il a pu prévoir celle-ci, il ne l'a pas recherchée comme le but de sa vie. Le but de sa vie, c'était l'annonce et la promotion du Règne de Dieu. Venu pour servir, il servirait jusqu'au bout, fût-ce au prix de sa vie. L'hymne unique de Ph 2,6-11 saura parfaitement en rendre compte en englobant la mort de Jésus dans la dynamique d'obéissance qui avait unifié son existence : « obéissant jusqu'à la mort... » Il est frappant que ce témoignage ancien, s'il fait bien mention de la croix de Jésus, ne fait aucune allusion à ses souffrances. Cela contraste avec la tendance d'une certaine spiritualité et d'une certaine prédication doloristes à centrer sur cet aspect leur lecture de la mort de Jésus. En conséquence, on serait porté à valoriser la souffrance comme voie privilégiée d'imitation de ce dernier. En réalité, que ce soit en relation avec Jésus ou avec les croyants, le Nouveau Testament ne présente nulle part la souffrance comme une valeur en elle-même.
Ainsi, par exemple, le récit de Gethsémani ne cherche nullement à dissimuler le fait que, pour Jésus, la passion est d'abord apparue comme un mal contre lequel il a réagi : « ... éloigne de moi cette coupe » (Me 14,36). Les récits de la passion en général, s'ils font bien état de mauvais traitements subis par lésus (Me 15,16-20 ; Le 22,63- 65), ne s'appesantissent guère sur cet aspect 3. Les scènes d'outrage, notamment, servent moins à insister sur la souffrance de Jésus que sur son identité de Serviteur, de prophète et de roi messianique.
Lorsqu'incidemment certains écrits comme la Première épître de Pierre évoquent l'expérience de Jésus, ce n'est jamais pour exhorter les croyants à rechercher la souffrance afin d'imiter ce dernier. Isolée de son contexte, une affirmation comme celle-ci pourrait peut-être le laisser penser : « Le Christ a souffert, vous laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces. » La suite immédiate, cependant, montre bien que ce qui est proposé à l'imitation du croyant, ce n'est pas le fait même que Jésus ait souffert, mais, comme l'exprimait le passage croisé plus haut, la manière dont il a souffert : « ... lui qui n'a pas commis de faute (...), lui qui, insulté, ne rendait pas l'insulte, souffrant, ne menaçait pas, mais s'en remettait à Celui qui juge avec justice » (2,21.23). Les croyants ne sont pas exhortés à rechercher ou à souhaiter la souffrance, comme s'ils pouvaient ainsi communier plus parfaitement à l'expérience de Jésus, mais plutôt, si la souffrance se présente à eux, à imiter les dispositions qui furent alors celles de Jésus : si nous avons à souffrir, souffrons comme le Seigneur.

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Cela dit, il reste que Jésus a fait l'expérience d'un type de mort qui ne manque jamais de créer scandale lorsqu'elle se produit : « Comment Dieu, s'il existe, peut-il tolérer cela ? » La question revient invariablement face à la mort d'innocents, victimes de l'injustice, de la brutalité, de la violence ou de la bêtise humaine. Les croyants eux-mêmes ne sauraient l'éviter. Pas plus que les autres, ils ne possèdent de réponse théorique au problème du mal et de la souffrance. Ce qu'ils savent, c'est que le Fils de Dieu a toléré pour lui-même une mort scandaleuse de ce type. Selon la formule de Claudel, qu'il leur arrive de reprendre en la circonstance, « le Fils de Dieu n'est pas venu pour détruire la souffrance, mais pour souffrir avec nous. Il n'est pas venu pour détruire la croix, mais pour s'étendre dessus » 4.



1 Me 8,31 , 9,30-31, 10,33-34 et parallèles
2. Pour plus de précisions sur ce point, on pourra voir mon ouvrage Le Crucifié Du scandale à l'exaltation, Desclée, 1989, pp 64-69
3. Paradoxalement, c'est davantage dans les annonces (en particulier la troisième, Me 10,33- 34) que dans le récit même de la passion qu'il est question des expénences douloureuses supportées par Jésus
4. « Les invités de l'attention », Toi, qui es-tu ?, Gallimard, 1936, p 113