Si l'on attend du psautier la consolation d'une prière lénifiante, à l'abri de toute violence, il faut d'emblée le refermer. Dès le psaume 1, le décor est planté avec la mise en scène des deux protagonistes d'un drame qui va se dérouler tout au long des cent cinquante psaumes : la coexistence du juste et du méchant. Reflet d'un monde cassé, où s'affrontent inlassablement bien et mal, ténèbres et lumière, iniquité et justice. Les « deux voies » qui traversent toute la Bible révèlent peut-être la mystérieuse fêlure qui nous habite. En tout cas, dans le psaume 1, le verdict est immédiat, le sort des méchants aura la vacuité du non-sens de leur choix : « Ils sont comme la paille, balayée par le vent ! » (Ps 1, 4). Mais parce que l'entremêlé du bien et du mal n'en est pas réglé pour autant, et qu'il n'est pas du seul ordre moral et individuel, on gravit, dès le psaume 2, un échelon inévitable avec le « tumulte des nations dressées contre le Seigneur » (Ps 2, 1-2), suscitant de ce dernier fureur et colère et la délégation faite à son oint de son courroux justicier, de « les briser comme un vase de potier » (Ps 2, 9).

Jusqu'ici le priant pouvait au moins abriter ses intentions belliqueuses sous le couvert d'un ordre reçu pour venger l'honneur de Dieu. Mais, au psaume 3, plus d'inutiles précautions, c'est l'orant lui-même aux prises avec