L'âme est comparable à « un fin duvet », selon Jean Cassien (360-435). « L'âme pourrait avec assez d'apparence se comparer à un fin duvet ou à une plume légère. Si nulle humidité ne les souille et pénètre, la mobilité de leur substance fait qu'au moindre souffle, ils s'élèvent comme naturellement vers les hauteurs de l'air. Qu'ils soient au contraire arrosés et imprégnés de quelque liquide, les voilà tout alourdis ! », comme le dit Cassien, mort à Marseille en 435, et qui rassemble les enseignements des Pères du désert égyptiens1. L'âme est donc capable de l'impossible grâce au souffle de l'Esprit, car elle est née de Dieu : « De notre chair, c'est l'homme qui est le père, mais de notre âme, Dieu seul » (VIII, 25). Mais elle est aussi capable de tomber. L'expérience de la prière conduit à l'espérance de cette libération. Si l'âme trouve la légèreté de la plume, c'est qu'elle est fondée sur « la simplicité et l'humilité » (IX, 2). Or, l'âme est vite alourdie par « tout ce que nous avons dans l'esprit avant l'heure de l'oraison qui nous est fatalement représenté par la mémoire tandis que nous prions » (IX, 3). L'exemple que prend Cassien est d'une surprenante actualité : un moine se dépense à construire des logements inutiles et l'Ancien qui passe voit qu'un démon a entrelacé ses mains aux siennes et l'excite au travail. Cela ne fait-il pas penser à cette frénésie que nous pouvons avoir dans nos activités et qui occupe notre imagination pendant la prière ? « Que l'âme se fixe en cette tranquillité » (IX, 3) où elle se libère de ce qui