Il y a cinquante ans, la jeunesse étudiante prenait la parole jusqu'à faire vaciller sur ses bases une société en pleine prospérité. En quoi s'agit-il donc d'un événement susceptible d'intéresser une revue spirituelle comme Christus ? C'est exactement la question que se posa la rédaction de la revue à l'époque, ce qui la fit entrer de plain-pied dans la contestation lancée par les étudiants. Car poser cette question revient à se demander : « Où se situe aujourd'hui le langage spirituel ? De quoi, sur quel ton et à quelles fins doit-il parler ? » (Christus, n° 60, octobre 1968, liminaire). Les faits sont passés, les acteurs sont âgés ou décédés, les mots sont usés. Mais demeure la force du symbole : la jeunesse n'avait que la parole pour dissuader la société de s'enfermer sur elle-même et pour repenser le sens d'une vie quotidienne bouleversée par la consommation.
Aujourd'hui, le pape François n'a pas d'autre force que celle de la parole pour nous sortir de nos impasses et nous appeler à vivre ensemble, dans un plus grand respect de la dignité de chacun et de l'avenir de la planète. La parole s'offre à ceux qui la prennent. Il est nécessaire que tous y aient droit et soient écoutés pour qu'elle s'incarne au profit de tous. Rien n'advient de juste que dans la parole à laquelle Dieu s'est identifié jusqu'à prendre chair pour le salut de tous. Elle est le premier mot de l'avenir.