Alors que le monde semblait engagé de manière irréversible dans une logique du « progrès » décliné en « toujours plus », « toujours mieux », « toujours plus vite », quitte à en laisser quelques-uns sur le bord du chemin, le magistral coup d'arrêt provoqué par l'inattendu de la crise sanitaire mondiale nous a placés brutalement dans une logique inverse, celle de la perte : perte de liberté, perte des relations familiales et amicales, perte du travail, perte de contrôle des agendas, perte des repères cultuels et culturels, perte d'un être cher… L'accumulation des pertes a exacerbé chez beaucoup un vertigineux « vide » existentiel, inhabitable dans ce monde hyperconnecté où les espaces de silence et de solitude sont de plus en plus réduits. Qui plus est, dans une société de consommation marquée par l'avoir et le pouvoir d'achat, les restrictions multiples et les privations non choisies de ce temps de confinement sont apparues intolérables, suscitant un réflexe de revendications ou de compensations. Et peut-être faut-il aujourd'hui nous demander si cette mentalité ne vient pas imprégner jusqu'à notre vie spirituelle et liturgique.
À ce sujet, l'expérience de cette année difficile peut conduire à une réflexion salutaire. La manière dont la pandémie et le confinement ont bousculé nos existences, notre vie cultuelle et nos habitudes liturgiques, même en ce qu'elles semblaient comporter de plus intangible, a suscité une multiplicité de réactions d'urgence qui peuvent être regardées comme