Cette forme de justice est encore très peu connue dans la société française, alors que l'Organisation des nations unies l'inclut dans sa déclaration en 2002. En France, elle est encore assez faiblement mise en œuvre alors qu'elle est introduite dans la législation depuis l'article 10 de la loi du 15 août 2014. Pourquoi ? Est-ce parce que la France répugne à recevoir des conseils de l'étranger ou est-ce parce que les personnes qui peuvent l'organiser ont une surcharge de travail ? Ou peut-être encore parce que la mentalité punitive est encore très prégnante face au mal commis ? Or la force de la non-violence nous rappelle qu'une autre voie est possible.
Appelée « réparatrice » au Québec, la justice restaurative en France est la traduction littérale de l'expression « Restorative Justice » aux États-Unis et au Canada anglophone où elle a pris naissance à Kitchener (Ontario), en 1974. En effet, deux travailleurs sociaux ont demandé aux autorités judiciaires canadiennes d'expérimenter une démarche nouvelle en guise de sanction aux actes de vandalisme commis par de jeunes délinquants : la rencontre avec leurs victimes et la réparation concrète des dégâts commis. L'effet réparateur fut tel pour les victimes et tellement efficace contre la récidive pour les jeunes que l'expérience s'est vite répandue, soutenue par les mennonites dont on connaît la passion pour la paix. Howard Zehr en fut le théoricien et le promoteur tandis que la démarche était ensuite proposée à des adultes comme une autre issue que la détention ou en complément de celle-ci. C'est au Québec que j'ai eu la chance de découvrir et d'étudier la justice réparatrice à l'Université de Montréal, avec le professeur Mylène Jaccoud, et d'en faire le sujet d'une recherche-action en criminologie en 2000. Ce fut pour moi une trouvaille bénéfique car je venais d'être victime secondaire du meurtre de ma jeune sœur de communauté au Tchad, dont l'assassin avait avoué vouloir « se venger de moi sur ma petite sœur ». J'ai pu moi-même participer à