Éditions Saint-Augustin, « Perspectives pastorales », n° 11, 2018, 176 p., 22 €.

Que faire pour bien prêcher ? Comment éviter les pièges qui conduisent à une mauvaise prédication ? Ces deux versants d'une même question sont abordés à travers deux ouvrages qui gagnent à être lus ensemble. Le premier constitue un véritable manuel – on serait tenté de dire : une somme sur la prédication. L'auteur y offre en effet au lecteur un état de la question, une réflexion fondamentale sur la nature de l'acte homilétique et sur sa mise en œuvre, ainsi que des propositions pastorales concrètes et une bibliographie d'une bonne dizaine de pages, à son tour complétée par une liste de sites internet. Il y a là plus qu'un « petit manuel ». Signalons en particulier quelques points forts : d'abord, si l'auteur dialogue avec d'autres théoriciens contemporains (notamment Jean Bianchi et Raphaël Picon), son érudition lui permet de donner plus largement accès à tout un monde de recherches en homilétique, dans un style toujours léger et clair. De nombreux conseils pratiques émaillent l'ouvrage (aide-mémoire, proposition de plan pour préparer une homélie tout au long de la semaine, grille d'évaluation ou encore suggestions pour renouveler le sujet et la forme des homélies).

Cet aspect pratique se trouve complété dans le second ouvrage, cosigné avec Guy Luisier. Ici, à l'instar de C. S. Lewis, les auteurs font parler l'Ennemi, celui qui cherche à tout prix à faire échouer la prédication. On est dans le registre du combat – et le lecteur se sentira peut-être lui-même gêné par ce qui pourrait ressembler à une avalanche de critiques sur les mauvaises prédications. Et, de fait, mentionner les soixante-six tactiques du diable revient globalement à énumérer autant de défauts du prédicateur… au risque de faire passer la prédication pour un exercice impossible ! En réalité, la vraie richesse de cet « anti-manuel » est peut-être moins dans cette description à l'ironie parfois mordante des faiblesses des prédicateurs, que dans les « remèdes » proposés. Ceux-ci sont empruntés à deux sources principales : La joie de l'Évangile et la Liturgie des heures. Le recours au pape François permet de dépasser l'alternative entre bien faire et mal faire, au profit d'une vision positive et spirituelle de l'homélie ; les hymnes du bréviaire fournissent un réservoir inattendu de pépites exprimant, de façon poétique, une théologie de la Parole et de sa proclamation. L'ouvrage permet ainsi de redécouvrir des textes bien connus (et peut-être usés) et de redéployer leur potentiel de sens, au service d'une nouvelle alliance entre homilétique et liturgie.