Il est convenu aujourd'hui de voir le christianisme comme une religion de la famille. Il fut pourtant perçu, à ses débuts, comme corrosif envers les réalités familiales. Après tout, ne mettait-il pas la foi et la fidélité envers Dieu au-dessus des devoirs familiaux ? Jésus n'avait-il pas dit de façon claire : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l'homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi » (Mt 10, 34-37) ? La famille était ainsi relativisée au profit de la foi de chaque personne envers Dieu et envers son Messie, comme si Jésus savait à quel point la famille, comme toute réalité créée bonne, pouvait être un absolu détournant des commandements et de la foi.
Si la famille devient un absolu, c'est de l'idolâtrie et le contraire de l'Évangile. La mafia calabraise, où tout est fondé sur les liens du sang, est un exemple de ce dévoiement. C'est contre cette conception-là de la famille que Jésus a des paroles fortes qui accentuent cette relativisation de la famille : « Jésus répondit : “Qui est ma mère et qui sont mes frères ?” Montrant de la main ses disciples, il dit : “Voici ma