Dieu comme Créateur est source de toute imagination créatrice. L’Église qui en reçoit le don par l’Esprit se doit de la mettre en oeuvre, « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». La simplicité de cette proposition ne doit pas masquer nos difficultés contem­poraines à la comprendre, dans la culture comme dans l’Église. Il y a des résistances objectives, et des résistances intérieures : mon­trer comment les dépasser peut mettre en valeur qu’il s’agit là de conversion, et que c’est une affaire spirituelle.
 

De l’utopie à l’invention de possibles réels


Dans les générations chrétiennes formées dans les années 50 puis 70, beaucoup ont été profondément marqués par l’utopie. L’eschatologique, voire le messianique, consubstantiel à la foi chré­tienne, a induit à chaque fois une trajectoire, un dynamisme : dans les années 50, la mise en « mouvement », précisément, face à une institution qui semblait immobile ; dans les années 70, au-delà de turbulences qu’on ne gagne pas à diaboliser (sinon à jouer le jeu des courants et contre-courants), une indéniable éclosion, nourrie d’une euphorie qui ne pouvait prévoir les tsunamis économiques et politiques qui nous ont secoués depuis le premier choc pétrolier jusqu’au 11 septembre 2001.
Au sein des communautés ecclésiales, il y eut, pour ne prendre qu’un exemple en France, de vraies trouvailles. Ainsi les Assem­blées des Hauts Plateaux du Limousin, revitalisant des chrétiens très isolés et peu nombreux, avec des célébrations trimestrielles d’une eucharistie durant une journée entière, où s’échangeaient le matin les nouvelles des uns et des autres et s’accomplissait un partage de la Parole de Dieu, suivi par le pique-nique des familles, avec l’après-midi une célébration prenant le temps de la contem­plation et de l’envoi.
Aujourd’hui, des groupes chrétiens les plus divers préfèrent se retrouver en petits cercles, où se reconnaît la