Desclée de Brouwer, 2000, 98 p., 120 F.

Parce qu'elles réunissent l'âme et le corps, parce qu'elles expriment la douleur terrestre mais aussi la consolation divine les larmes sont la figure même de l'Incarnation. Certes, il s'agit là des larmes de l'époque baroque, non encore « sentimentalisées » par le xix' siècle, telles que les étudie Jean- Loup Charvet, musicologue et chanteur, dans un court essai laissé inachevé après son décès prématuré. Dans ce texte d'une beauté forte et discrète, la peinture la littérature et, plus encore, la musique sont appelées à témoigner de cette « éloquence des larmes » répandues par l'homme comme par la femme, par le sage comme par le fou, par ,1a Madeleine comme par le Christ. « Comme la grâce, les larmes semblent échapper à la pesanteur ou, plutôt, inverser son mouvement. Elles invitent l'homme à croiser le divin dans son mouvement vers lui. » Ultimes paroles, au-delà des mots, du silence même les larmes, dans leur transparence, sont alors effusion de pur amour.
Un CD d'enregistrements de l'auteur accompagne l'ouvrage pour donner à entendre « ces allers et retours entre le coeur et l'esprit, entre l'émotion et la virtuosité ».