« Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis » (Jn 15, 16)

Par une heureuse inspiration, d'ailleurs toute biblique, Ignace de Loyola propose, dans les Exercices spirituels (ES), que l'engagement que prendra le retraitant soit la réponse à l'appel d'un autre. Il s'agit, en effet, de « trouver la volonté divine » (ES 1, 4) quand le priant cherche à faire quelque chose de sa vie ou de ses biens.

Dans les lignes qui suivent, nous chercherons à approfondir ce que signifie pour l'être humain d'être mis en présence d'un choix où un autre choisit d'abord. L'important à saisir n'est pas pour le priant de laisser un autre choisir à sa place, mais de se laisser choisir. Voyons cela.

Car, pour saint Ignace, tous les choix de l'être humain ne se situent pas sur le même plan. Tous, nous faisons continuellement des choix d'action. Mais accepter qu'un autre me propose son amitié n'est pas un choix d'action. Pourtant, cela reste un choix. Ignace l'appelle « élection », mot qui, en espagnol (elección), désigne tout type de choix, mais auquel le contexte des quatre semaines des Exercices donne un sens précis.

De la générosité à la gratitude

Car un autre, que je veux respecter (et aimer, et servir), entre en jeu. Mon choix d'engagement à son égard ne peut plus être, comme tous mes choix habituels, un choix « de consommateur » : un choix dont il m'apparaît que c'est