« Il est deux péchés capitaux humains dont découlent tous les autres : l'impatience et la négligence. À cause de leur impatience, ils ont été chassés du Paradis terrestre. À cause de leur négligence, ils n'y retournent pas. Peut-être n'y a-t-il qu'un péché capital, l'impatience : à cause de l'impatience, ils ont été chassés ; à cause de l'impatience, ils n'y retournent pas. »
Franz Kafka, Hochzeitsvorbereitungen auf dem Lande, und andere Prosa aus dem Nachlass, 1953 ; Œuvres complètes, tome III, « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard, 1984, p. 442.

Commençons par convenir que la patience n'est pas une vertu à la mode, elle n'est pas une valeur d'aujourd'hui. L'impatience liée au désir est plus accrocheuse : elle irrigue l'univers de la publicité et, par voie de conséquence, une grande partie des médias. C'est l'urgence qui mène le monde. Moins futile et moins égoïste en apparence que l'impatience, souvent altruiste, politiquement correcte, l'urgence n'est trop souvent qu'un leurre aux effets redoutables : elle est le masque que prennent l'angoisse ou l'impatience pour s'imposer, dominer notre mental, prendre le devant de la scène, précipiter notre action en nous dispensant de la profondeur et de la réflexion. Le philosophe