L’année 2010 marque le quatrième centenaire de la mort du jésuite Matteo Ricci, une des figu­res majeures de l’évangélisation de la Chine (voir couverture en regard et l’article de Benoît Vermander dans le présent numéro).

L’inculturation de la foi lui doit beaucoup, car ce re­ligieux catholique d’une culture humaniste hors du commun a déployé de manière originale l’ambition ignatienne de « gagner les coeurs » à la foi. Il s’agit moins de convaincre que de rejoindre l’autre dans sa culture, d’habiter ses repères et ses goûts, de comprendre les ressorts de son affectivité, de l’aimer. Ce lien amical se nourrit du partage des sciences, des arts et des techniques, développant ainsi une intelli­gence et une sensibilité communes. Elles s’élargis­sent et s’affinent à la mesure d’une différence qui se reçoit précieusement, comme une grâce, signe de la bonté créatrice de Dieu et d’une altérité irréductible qui invite à l’écoute et au respect.
La foi, comme l’amour, s’exprime en actes avant de se dire en paroles. Elle emprunte le chemin de l’incarnation où le Christ se fait patiemment l’un de nous et nous révèle la démesure de l’Amour du Père. En un temps où chacun gouverne comme il l’entend sa propre liberté, la démarche de Matteo Ricci nous dit le bonheur lumineux qu’il y a à accueillir l’autre comme un ami. Et la Nativité nous le redit chaque année.