Ce n'est pas le moindre intérêt de ce petit ouvrage que de faire valoir la place décisive du corps dans la tradition chrétienne de la prière. Place méconnue, oubliée sans doute en partie, que la rencontre des traditions de méditation de l'Orient bouddhique a remise sur le devant de la scène chrétienne. Pourtant, ici, pas l'ombre d'un syncrétisme, pas le moindre soupçon d'assaisonnement à la mode : la tradition pure, vivante et parfois drôle, puisée largement aux Pères du désert. « Le moine se reconnaît non à ses paroles et à ses discours mais à son assise en silence », selon saint Jérôme, si on doutait de cette longue tradition. La culture de l'intériorité, avant d'être veille sur les pensées, et moins encore astreinte du corps, est positionnement devant Dieu, qui commence par là où les choses adviennent à l'Homme. Avec précision et simplicité, l'auteur expose ensuite ce qu'il en est du souffle dans cette assise, de l'appui que l'Homme y prend, sans négliger de souligner la singularité de la relation à Dieu, où le corps est l'expression du respect. Les chapitres suivants, conformément au titre, en viennent à cette autre tradition de la prière sur le Nom, l'oraison de simple regard, où celui qui prie se dépouille de tout et se contente – si l'on ose dire – de Dieu seul. Organisé en parcours thématique, ce petit livre offre une anthologie des maîtres spirituels qui, depuis les premiers siècles jusqu'à aujourd'hui, ont emprunté ces voies. L'auteur, averti de la nécessité de la pédagogie spirituelle, prévient que les étapes ici décrites demandent des orants déjà aguerris. Le combat spirituel fait partie de la vie chrétienne et l'assise en silence ne saurait lui offrir une alternative confortable. Comme l'enseignait Thérèse d'Avila, celui qui prie chemine, et la fréquentation de l'humanité du Christ, par ses évangiles, est une étape première, nécessaire et fondatrice. Ouvrage savoureux et suggestif, exigeant en pratique malgré les apparences, L'assise et la présence invite à s'interroger sur ce qui lie le corps à la prière. Mais pourquoi commencer par s'asseoir et s'y tenir, qu'est-ce qui en l'Homme et en Dieu s'en tient à l'assise ? On suggère ainsi un prochain livre à son auteur.