C'est sous le couvert de deux arbres que j'aimerais abriter ma réflexion biblique sur la veille. L'un, évoqué dans l'article prédécent, précède l'heure du printemps et, ainsi, l'annonce et l'engage : c'est l'amandier, shaqed en hébreu, littéralement « qui veille » ou « qui s'éveille », que Dieu fait voir à Jérémie lorsqu'il l'appelle pour prophète, lui qu'il avait façonné et choisi dès le ventre de sa mère. La branche d'amandier est le signe que « je veille [shoqed], dit Dieu, sur ma parole pour l'accomplir » (Jérémie 1,11-12).
Le second est un figuier. Jésus le croise le lendemain de son entrée royale à Jérusalem, quand il monte au Temple dont il va chambarder le commerce pour le rendre à la prière de toutes les nations. L'heure est à la faim, elle est grave ; plus rien d'une ronde des saisons : c'est maintenant ou jamais plus que l'arbre doit donner son fruit, même si ce n'est que la période des feuilles. Il se desséchera jusqu'aux racines de n'avoir pas su veiller au passage décisif du Fils de Dieu (Marc 11,12-14.20-25).
Pour approfondir l'importance que le Nouveau Testament accorde à la veille, je privilégierai la rencontre surprenante de Jésus avec deux figures féminines : l'une, en Samarie, venue puiser son eau à l'heure brûlante de midi (Jean 4), l'autre, à Béthanie, dans les faubourgs de Jérusalem, inondant Jésus de son parfum alors qu'il est reçu à table (Marc 14).
Un éveil à la vérité
Après la rencontre de nuit avec Nicodème, le maître juif à qui Jésus ouvre l'horizon d'une naissance nouvelle, d'en haut, au souffle de l'Esprit – celui qu'il transmettra au monde avec son dernier souffle sur la Croix, après avoir crié sa soif –, c'est sur le versant du jour à une femme étrangère, une Samaritaine, que Jésus va offrir l'eau vive en