La vie étemelle est la source intarissable qui arrose la surface entière du Paradis. Non contente d'arroser, elle enivre : c'est la fontaine des jardins, le réservoir des eaux vives dont les flots impétueux descendent du Liban, et le fleuve qui rejoint la dté de Dieu. Mais quelle est cette source de vie, sinon le Christ notte Seigneur ? (...) La source a été détournée jusqu'à nous (...) Le filet d'eau céleste descend par un aqueduc qui ne nous déverse pas toute l'eau de la source, mais instille la grâce, goutte à goutte, dans nos coeurs desséchés...
Vous avez déjà compris, je suppose, de quel aqueduc je parle, qui, tenant sa plénitude de la source qui jaillit dans le coeur du Père, nous en distribue ensuite non pas toute l'abondance, mais ce que nous sommes à même d'en recevoir. Vous savez bien à qui s'adressaient ces paroles : « Je te salue pleine de grâce. » N'est-il pas étonnant qu'on ait pu trouver les matériaux nécessaires à la construction d'un aqueduc aussi prodigieux, dont l'extrémité ne touche pas seulement aux deux, comme cette échelle que vit Jacob, mais les franchit et atteint jusqu'à cette source des eaux toujours vives qui est au-dessus des deux ?...
Mais comment notre aqueduc a-t-il pu atteindre une source placée à une telle hauteur ? Ce n'était possible que par la violence du désir, la ferveur de la piété et la pureté de la prière. Ainsi qu'il est écrit, « la prière du juste pénètre les deux ». Or nul n'est plus juste que Marie, de qui nous est né le Soleil de justice. Elle n'a pu s'élever jusqu'à l'inaccessible majesté qu'en frappant, en suppliant en cherchant. Finalement, elle a trouvé ce qu'elle cherchait, puisque l'ange lui dit : « Tu as trouvé grâce auprès de Dieu... » Considère ô homme, le plan de Dieu, et reconnais-y le dessein de la Sagesse et de la Bonté (...) Pour racheter le genre humain, il a déposé toute la rançon en Marie. Mais pourquoi ? Sans doute pour qu'Eve fût mise hors de cause par sa fille, et que s'apaisât enfin la plainte de l'homme contre la femme. Qu'Adam, désormais, ne dise plus : « La femme que tu m'avais donnée m'a présenté le fruit défendu. » Qu'il dise au contraire : La femme que tu m'avais donnée m'a nourri d'un fruit béni.
Vous avez déjà compris, je suppose, de quel aqueduc je parle, qui, tenant sa plénitude de la source qui jaillit dans le coeur du Père, nous en distribue ensuite non pas toute l'abondance, mais ce que nous sommes à même d'en recevoir. Vous savez bien à qui s'adressaient ces paroles : « Je te salue pleine de grâce. » N'est-il pas étonnant qu'on ait pu trouver les matériaux nécessaires à la construction d'un aqueduc aussi prodigieux, dont l'extrémité ne touche pas seulement aux deux, comme cette échelle que vit Jacob, mais les franchit et atteint jusqu'à cette source des eaux toujours vives qui est au-dessus des deux ?...
Mais comment notre aqueduc a-t-il pu atteindre une source placée à une telle hauteur ? Ce n'était possible que par la violence du désir, la ferveur de la piété et la pureté de la prière. Ainsi qu'il est écrit, « la prière du juste pénètre les deux ». Or nul n'est plus juste que Marie, de qui nous est né le Soleil de justice. Elle n'a pu s'élever jusqu'à l'inaccessible majesté qu'en frappant, en suppliant en cherchant. Finalement, elle a trouvé ce qu'elle cherchait, puisque l'ange lui dit : « Tu as trouvé grâce auprès de Dieu... » Considère ô homme, le plan de Dieu, et reconnais-y le dessein de la Sagesse et de la Bonté (...) Pour racheter le genre humain, il a déposé toute la rançon en Marie. Mais pourquoi ? Sans doute pour qu'Eve fût mise hors de cause par sa fille, et que s'apaisât enfin la plainte de l'homme contre la femme. Qu'Adam, désormais, ne dise plus : « La femme que tu m'avais donnée m'a présenté le fruit défendu. » Qu'il dise au contraire : La femme que tu m'avais donnée m'a nourri d'un fruit béni.
Saint BERNARD DE CLAIRVAUX
« Sermon pour la Nativité de la Bse Vierge Mane »
OEuvres mystiques, trad. A. Béguin, Seuil, 1953, pp 883-885
« Sermon pour la Nativité de la Bse Vierge Mane »
OEuvres mystiques, trad. A. Béguin, Seuil, 1953, pp 883-885