Dans la tonalité générale des récits évangéliques, on ne peut dire que l'angoisse s'impose comme une note dominante. Jésus de Nazareth n'est pas un tempérament anxieux. C'est un homme qui sait d'où il vient et où il va (Jn 8, 14). Extrêmement personnel dans sa façon d'agir et de parler, il remplit sa mission avec une assurance qui impressionne (Mc 1, 22-27), assurance d'autant plus ferme qu'elle se fonde sur un désintéressement absolu et sur une entière disponibilité au désir de Dieu. Dans ses relations avec les autres, Jésus n'éprouve pas le besoin d'élever des barrières pour se protéger ; il montre, au contraire, une capacité d'accueil sans limites. En ceux qui recourent à lui, il suscite la foi. Il les libère de la peur. Lui-même ne se laisse intimider par aucune critique, aucune menace, aucune opposition. Lorsque la situation devient dramatique, il n'hésite pas à l'affronter ; il monte à Jérusalem, « marchant en tête », alors que ceux qui le suivent sont effrayés (Mc 10, 32). On sent en lui une fermeté d'âme extraordinaire.

Pouvait-il éprouver de l'angoisse ? On serait tenté de croire que non, surtout si l'on songe à la relation unique qui constitue le fond de son être et qui se manifestait sans cesse dans ses paroles et dans ses actes. Comment le Fils de Dieu, vivant dans une union constante avec son Père, pouvait-il être en proie à l'angoisse ? Mais c'est là une façon de voir que l'évangile ne confirme pas. Ouverte à toute la variété des émotions humaines, pitié et admiration, joie et indignation, l'existence terrestre de Jésus a traversé aussi des moments d'angoisse. Et c'est sans doute ce qui le rend le plus proche de