L'habitude qu'avait Jésus de rechercher la compagnie « des publicains et des pécheurs » était, de tout son comportement, ce qui provoquait le plus d'étonnement et d'irritation parmi les chefs religieux de la Palestine. L'austérité de Jean Baptiste pouvait leur paraître facile à comprendre – certains pourtant l'attribuaient à l'inspiration d'un mauvais esprit. Les pécheurs qui entouraient Jean venaient se libérer de leur faute par le baptême. Jésus, lui, de sa propre initiative, recherchait l'amitié d'hommes et même (ce qui choquait encore plus) de femmes qui, par leur conduite, s'étaient délibérément retranchés de la bonne société palestinienne et attiré le mépris des honnêtes gens et des bien-pensants. Il allait les voir chez eux et prenait des repas avec eux : « Vient le Fils de l'homme, qui mange et boit, et vous dites : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs !” » (Lc 7,34). Ami non seulement des prostituées, dont on peut facilement poétiser la faiblesse, mais des publicains, hommes d'argent, s'engraissant sur la misère de leur propre pays et collaborant avec l'occupant détesté ! Mieux vaut grouper ensemble prostituées et collecteurs d'impôts, comme le firent les contemporains de Jésus. La cupidité est beaucoup moins poétique que le désir.

Bien évidemment, Jésus n'était pas plus favorable aux uns qu'aux autres. Il venait,