Trad. E. Boné. Lessius, coll. Au singulier », 2002, 568 p., 34,90 €.

Ce n'est pas exactement une nouvelle « vie de saint » que nous offre le P. Meissner, jésuite et psychanalyste mais une lecture psychanalytique de la vie et de l'œuvre de saint Ignace de Loyola. Si la biographie puisée aux meilleures sources, est longuement rappelée si de nombreux « faits significatifs » sont évoqués, c'est pour y déceler les traces d'un travail inconscient, de conflits intimes, de pulsions refoulées, que seul un regard d'analyste peut apercevoir. Il ne s'agit évidemment pas de « psychanalyser » un saint mort depuis plus de quatre siècles, mais de réinterpréter, à la lumière de la psychanalyse avec la part de conjecture que cela implique ce que les historiens nous ont livré de cette existence complexe et tourmentée Des considérations d'ordre psychanalytique s'entremêlent donc, au fil des chapitres, aux rappels historiques.
Divers thèmes sont abordés qui seront repris, de façon synthétique en fin d'ouvrage. La lecture, de ce fait risque de paraître malaisée au lecteur non analyste d'autant plus que des termes techniques peuvent déconcerter, voire choquer, ceux qui ne sont pas suffisamment au courant des théories freudiennes.
L'auteur, certes, ne méconnaît ni le rôle de la grâce divine ni la dimension surnaturelle de l'« ascension spirituelle » de saint Ignace : il s'en explique à plusieurs reprises. Son propos est autre : il s'agit pour lui de mettre en lumière l'« envers du décor » et de repérer les dynamismes inconscients à partir desquels s'est édifiée une authentique sainteté. L'ouvrage est incontestablement intéressant éclairant d'un jour nouveau certains aspects de la riche personnalité de saint Ignace.