La première de couverture de cet ouvrage renseigne le lecteur sur le but poursuivi par l'auteure. En effet, nous voyons sur cette page deux reproductions de portraits funéraires du IIsiècle, l'un d'un homme et l'autre d'une femme : ils se ressemblent, mais ils ne se regardent pas, et sont même séparés par le titre du livre ; quant à ce titre, l'auteure a choisi de mettre le mot « icône » au pluriel… Nous comprenons alors que le propos ne sera pas d'abord de contempler l'homme et la femme comme deux êtres en relation, « unité des deux », « communion des deux » et, à ce titre, « icône » de Dieu, communion trinitaire, mais plutôt comme personnes, chacune unique et créée à l'image de Dieu.

L'ouvrage dont nous parlons se présente comme une thèse de théologie. Celle-ci commence par une introduction de trente pages, et finira avec une conclusion de neuf pages. Ouvrir le livre et lire ces deux passages met le lecteur en phase avec le contenu de toute la thèse. Dans l'introduction, après avoir retracé la façon dont les sociétés et l'Église ont pu proposer, au cours de l'Histoire, des « représentations » erronées de la femme et de l'homme, l'auteur espère que son étude permettra d'« affirmer que la femme, tout comme l'homme, peut être considérée comme une icône du Père et du Fils » et « également comme des icônes de l'Esprit saint » (pp. 38-39). Quant à la conclusion, elle ouvre une espérance : « Reconnaître en la femme une icône du Père et du Fils peut […] conclure à un changement de regard sur "le sexe faible", sur sa dignité et sa mission dans l'Église » (p. 292). Entre les deux, un essai de démonstration en trois parties, fort bien mené et tout en finesse, qui part de la figure trinitaire pour penser l'homme et la femme, icônes de Dieu : « 1. L'homme et la femme à la lumière du Fils, Jésus » ; « 2. Paternité et maternité à la lumière de la paternité divine » ; « 3. L'homme et la femme, icônes du Christ et du Père dans l'Esprit ». Pour chacune de ces grandes parties, une introduction et une conclusion permettent, là encore, de saisir l'essentiel de la démonstration. Celle-ci s'appuie sur un certain nombre d'auteurs dont on trouve les références dans les nombreuses notes et dans une abondante bibliographie.

On sent une certaine réticence chez l'auteure vis-à-vis de certains biblistes qui, eux aussi, se sont saisis du thème en traversant la Bible, spécialement l'Ancien Testament. Peut-être s'agit-il d'une crainte que les pistes symboliques qu'ils présentent ne contredisent ses intuitions théologiques… N'auraient-elles pu y apporter au contraire du souffle, des nuances et aider à en dégager une réelle spiritualité ?