Depuis des années, je propose les Exercices à partir de la contemplation d'œuvres d'art. Qu'ils soient seuls ou en groupe, quels que soient leur âge, leur origine ou leur appartenance ecclésiale, les exercitants sont parfois agréablement surpris par la fécondité d'une expérience qui leur fait prendre un grand bol d'air frais.
La dynamique est très simple : nous contemplons une œuvre le matin et une autre l'après-midi. Nous nous recueillons le soir un petit quart d'heure, en contemplant en silence les images priées au cours de la journée : pour beaucoup, c'est le point culminant de l'expérience. Lorsque le processus est bien accompagné, nous nous trouvons alors face à un énorme trésor, où chaque œuvre se révèle une source inépuisable si nous y laissons Dieu nous parler à tu et à toi. On entrevoit qu'il y a ici une nouvelle façon de faire les Exercices tout en étant fidèle à leur tradition. En effet, après qu'Ignace lui-même eut rêvé d'inclure des images dans les Exercices spirituels (ES), il a fallu attendre environ cent ans pour que leur première version illustrée soit publiée à Rome.
Cette approche est aussi intrinsèquement ignatienne en ce qu'elle évite au moins deux impasses habituelles : 1. celle de ne plus prier par soi-même, mais de se laisser porter par ce que dit le prédicateur, alors qu'il s'agit de ne pas s'interposer entre le Créateur et sa créature, laissant le Seigneur se communiquer directement, « l'embrassant dans son amour et sa louange » (ES 15) ; 2. celle de s'absorber dans ses réflexions, de « beaucoup savoir » sans « sentir et goûter les choses intérieurement » (ES 2).
Il convient d'abord de mettre en garde contre des usages de l'art qui ne sont pas tout à fait ignatiens, et