VÉRONIQUE PETETIN Institut d’Art et de Culture, Université Cheik Anta Diop, Dakar.
 
Nous lirons trois livres, écrits par deux femmes et un homme. Une des femmes, métisse franco-sénégalaise, est née en France. L’autre, d’origine camerounaise, est exilée en France. L’homme, enfin, vit toujours dans son pays, le Sénégal.
Abasse Ndione, dans Mbëkë mi : À l’assaut des vagues de l’Atlantique (Gallimard, 2006), expose la diversité des situations des candidats à l’émigration par la mer, depuis les paysans qui n’ont jamais vu l’océan jusqu’aux pêcheurs qui n’ont plus de poissons dans leurs filets, en passant par la femme seule qui ose partir et la mère qui sacrifie son fils d’à peine seize ans. Marie Ndiaye, dans Trois femmes puissantes (Gallimard, 2010), consacre le dernier récit de ce livre en triptyque à Khady Demba, candidate bien malgré elle à l’émigration par la terre. Léonora Miano, dans Tels des astres éteints (Plon, 2008), a le courage de raconter l’exil des « Afro-européens », leurs rêves de retour, et l’imaginaire de l’Exode du peuple noir. Ces trois auteurs ont chacun leur façon de raconter cet exil forcé, selon sans doute leur propre situation, et entretiennent des relations très différentes avec leurs personnages.
L’homme âgé, vivant au Sénégal, est témoin de tous ces départs ! Il procède à une description très méticuleuse, objective, réaliste du processus qui mène à l’exil. Il expose les circonstances économiques, les situations familiales et le rôle capital de la religion. Il montre comment des individus si divers se trouvent rassemblés à bord de la pirogue. La femme franco-sénégalaise, écrivain reconnu (son livre a obtenu le prix Goncourt en 2010), n’a jamais vécu au pays de son père. Elle nous conte l’histoire impitoyable d’une Sénégalaise simple d’esprit entraînée, sans le savoir, dans l’exil clandestin. Mais le Sénégal de ce roman est étrangement sans Dieu. Enfin, la jeune femme camerounaise, émigrée en France pour y faire des études